méditation pour la Trinité

Aujourd’hui, Dieu se montre à nous dans tout son éclat, selon toutes ses facettes. Non pas comme un Dieu solitaire et qui serait inaccessible, mais comme un Dieu qui se donne. Malgré toutes les infidélités de l’humanité, Dieu a choisi de l’aimer quoi qu’il advienne. Il se révèle comme l’amour infini qui ne se reprend jamais. Les trois personnes de la Trinité partagent le même désir d’un amour gratuit et éperdu.

Célébrer la Trinité signifie pénétrer plus avant ce mystère d’amour d’un Dieu qui est Père, Fils et Esprit saint. Apprendre à mieux connaître Dieu au-delà des énoncés théologiques à la compréhension souvent difficile et qui font appel à l’intelligence plus qu’au cœur. Les définitions abstraites, mêmes si elles sont précises et complètes, sont souvent rebutantes et ne parlent plus à la plupart des croyants.

L’essentiel, pour apprendre à appréhender Dieu et son mystère, se situe plutôt dans l’expérience que l’on peut avoir en restant avec lui. Venez et vous verrez, répond Jésus aux disciples qui lui demandent où il demeure.[1] Fréquenter la présence de Dieu, se laisser habiter, entrer en relation, en communion. Toute connaissance authentique est rencontre personnelle dans le concret de la vie.

Le langage des dogmes est hermétique, les mots utilisés sont ceux de la philosophie grecque. De plus, le vocable «Trinité» n’est mentionné nulle part dans le Nouveau Testament. Ce qui ne signifie pas que sa réalité n’y est pas présente, n’émerge pas des interprétations que l’on peut en donner. Le terme est né au sein de l’Eglise[2] au gré des débats autour de la condition du Fils, sa filiation divine, sa naissance virginale. La foi chrétienne s’est formulée à partir de l’Ecriture telle qu’elle était reçue dans la liturgie et la prière des premières communautés.

L’évangéliste Jean nous fait partager la vie en Dieu par le lien unissant Jésus à son Père. Lien de prière, véritable intimité, lorsque Jésus a prié pour les hommes ou à l’heure de sa Passion. A ses disciples, il a promis la venue de l’Esprit, l’Esprit de vérité, le Défenseur. Pour Jean, l’Esprit est donné sur la croix, où il remit l’Esprit.[3] Ou encore aux disciples au soir de Pâques, où le Ressuscité souffla sur eux et leur dit : «Recevez l’Esprit Saint».[4]

Jésus a ainsi clairement parlé de son Père et de l’Esprit saint. Et il a nettement affirmé sa relation avec les deux. Avec le Père tout d’abord, parce qu’il vient de lui et qu’il va retourner vers lui. Avec l’Esprit ensuite, parce ce dernier reçoit du Fils son enseignement pour le faire connaître à ses disciples. L’Esprit vient prolonger la mission du Fils ressuscité qui retourne au Père.

La Trinité met en perspective la dynamique interne de Dieu. Notre Dieu est un Dieu relationnel, qui se communique dans l’amour. Un amour qui émane du Père vers le Fils, qui retourne du Fils au Père. Et l’Esprit est justement cette relation d’amour du Père et du Fils qui déborde sur nous pour nous en illuminer. Le Père engendre son Fils unique,[5] qui prend chair d’homme dans chair de femme. Le Fils ressuscité envoie l’Esprit de vérité qui procède du Père.[6] L’Esprit vient faire l’unité de l’Eglise parce qu’il est l’unique Esprit de Dieu. Et il intervient auprès de chacun des croyants en particulier pour unifier sa personne. Trinité d’amour qui se donne.

La Trinité est une réalité beaucoup plus concrète qu’elle n’y apparaitrait au départ. Elle entraîne le croyant dans la relation d’amour de Dieu. La Trinité est unité, mais une unité vivante, une unité d’amour féconde de trois personnes qui ne cessent de s’aimer et d’aimer. Qui ne cessent donc d’engendrer, de donner la vie, de la répandre dans l’univers.

La Trinité est comme une grande circulation de vie et d’amour, invitant toute l’humanité à entrer dans la ronde. Car, si nous sommes nés de l’Esprit,[7] nous savons aussi que le Ressuscité nous entraîne et nous attend dans sa gloire. Vivifiés par l’Esprit, celles et ceux qui vivent et aiment à la manière de Jésus sont invités à partager sa densité de présence dans la joie de Pâques. A cela nous sommes tous appelés.    


[1] Les premiers disciples (Jn 1,39).

[2] Au quatrième siècle, par les conciles de Nicée et de Constantinople, suite aux polémiques de l’arianisme.

[3] La crucifixion et la mort de Jésus (Jn 19,39).

[4] Les disciples voient le Seigneur (Jn 20,22).

[5] Le Fils est monogène, l’unique engendré du Père.

[6] Selon l’expression de Jean l’Evangéliste (Jn 15,26). L’Eglise latine ajoutera au huitième siècle (sous Charlemagne) que l’Esprit procède du Père et du Fils (Filioque). L’Eglise orientale n’acceptera pas cette procession. Les chrétiens orthodoxes peuvent cependant admettre que l’Esprit procède du Père par le Fils.

[7] L’entretien avec Nicodème : Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit (Jn 3,6).

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