méditation du 1er aout

merci à Alexis de cette belle méditation

Nous vivons dans un monde mêlé, dans lequel se côtoient ce qu’il y a de plus admirable à ce qu’il y a de plus détestable. Et nous-mêmes sommes des gens mêlés, dont l’esprit et le cœur sont traversés par des pulsions et des attitudes contradictoires, maniant à la fois le bien et le mal. Comme nous voudrions parfois faire le tri dans tout ce fatras, pour ne conserver que le meilleur ! Ce n’est pourtant pas ce que nous recommande Jésus, qui nous appelle à partager la patience de Dieu. Un temps viendra où l’ivraie sera extirpée et où les justes resplendiront comme le soleil dans la Royaume de leur Père.

Jésus annonce le Royaume de Dieu aux foules par des paraboles. Et parfois comme ici,[1] il en explicite la signification dans l’intimité de ses seuls disciples. Peut-être s’agit-il d’interprétations des premières communautés chrétiennes qui ont été mises dans la bouche de Jésus par Matthieu l’évangéliste.[2] Quoi qu’il en soit, il est légitime de se demander la raison de cette manière de procéder, puisque les propos ne sont pas compris par le peuple et nécessitent une explication. Pourquoi les paraboles ?

Dans l’évangile de Matthieu, Jésus donne deux motifs de l’enseignement par paraboles. D’abord parce que la connaissance des réalités du Royaume est réservée aux disciples et que le fait de ne pas être capable d’en discerner les vérités augmente la cécité des foules. L’accès ou l’accession au Royaume se décident par l’accueil de la personne et de l’enseignement de Jésus.[3] Ensuite parce que les paraboles sont le mode nécessaire de la révélation des mystères divins.[4]

Les paraboles sont le langage le plus approprié pour appréhender le Royaume qui advient et qu’il est impossible de saisir de manière intellectuelle, puisqu’il doit être expérimenté dans le concret de la vie. Les paraboles offrent une sagesse faite d’images, de comparaisons, de rapprochements, pour mieux saisir les choses cachées, ce réel qui se dérobe à notre rationalité, comme il échappait à la conscience des contemporains de Jésus.

Avec la parabole de l’ivraie, Jésus signifie qu’il faut prendre le temps de laisser mûrir le grain avant de le séparer de l’ivraie, pour ne pas déprécier la moisson. Autrement dit, ne pas gâter le bien qui est en nous sous prétexte d’en extirper le mal. Et aussi ne pas faire fuir ceux qui s’adressent à nous en les accablant sous couvert de les édifier ou de les purifier. Mais leur laisser le temps de grandir sous le soleil de l’amour de Dieu pour qu’ils s’affermissent.

Jésus invite à un temps de conversion. Le temps que nous vivons est celui de la patience de Dieu, qu’il nous donne pour nous convertir. Une patience qui n’est pas inaction. Notre foi ne doit pas nous rendre trop durs, trop raides ou trop pressés, mais au contraire, plus humains, plus compatissants. Nous devons être habités de l’infinie miséricorde de Dieu. Nous sommes fragiles et souvent si nous voulons éradiquer le mal autour de nous, c’est parce que nous avons peur qu’il vienne nous contaminer. Veillons seulement à laisser l’ivraie étouffer en nous le bon grain.

Comprendre ce que dit Jésus à ses disciples, son appel à la conversion. Si les bons et les méchants coexistent dans le champ du monde et au sein de l’Eglise, seuls les justes trouvent leur place dans le Royaume. Et discerner ce que nous voulons. Nous sommes libres d’accepter ou de refuser le règne que propose Jésus. Quelles valeurs voulons-nous vivre et partager ? La richesse, le pouvoir, les honneurs, ou au contraire la justice, la sagesse, la solidarité. Nous sommes placés devant des choix, quels sont nos essentiels, nos priorités ?

Le Royaume de Dieu est exigeant, il suppose des renoncements. Nous sentons-nous capables de nous dessaisir de nous-mêmes pour marcher vers lui ? Mais sa vitalité est puissante, féconde. Continuons à le chercher pour mieux le découvrir. Prenons le temps du discernement, pour nous rencontrer nous-même et rencontrer les autres. Apprenons à percevoir et goûter ce qui fait la vraie saveur de la vie.


[1] Deux paraboles font l’objet d’une explication aux disciples, celle du semeur (Mt 13,18-23) et ici de la parabole de l’ivraie (la parabole est en Mt 13,24-30).

[2] Au moment de la rédaction finale de l’évangile.

[3] Parce qu’à vous (les disciples) il a été donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, tandis qu’à ceux-là (les foules), cela n’a pas été donné. Voici pourquoi je leur parle en paraboles : parce qu’ils regardent sans regarder et qu’ils entendent sans entendre ni comprendre (Mt 13,11.13).

[4] Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, il ne leur disait rien sans paraboles, afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par le prophète : « J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je proclamerai des choses cachées depuis la fondation du monde » (Mt 13, 34-35).

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.