
voici la médiation d’Alexis pour ce dimanche
Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? La question de Jésus n’a pas fini de résonner dans le monde. C’est la question de départ de la foi. Toute proclamation de l’Évangile ouvre nécessairement le débat de fond : qui est Jésus ? Ses contemporains avaient bien compris le caractère prophétique de son témoignage. Mais la véritable compréhension n’a pu se développer qu’après sa mort et sa résurrection.
Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. La réponse de Simon-Pierre à Césarée de Philippe relève de cette foi pascale qui donne la clé du Royaume des Cieux. À celui qui proclame cette foi s’ouvre un monde nouveau. Il peut être délivré des liens de mort et d’anéantissement qui entravent sa liberté. Même s’il peut douter ou rechuter, les forces de mal et de destruction ne peuvent plus l’atteindre définitivement.
À la question de Jésus sur lui-même, il est souvent plus facile de se dérober en lui donnant une réponse convenue. Plus aisé de manipuler des idées abstraites, qui n’engagent pas, d’évoquer des devoirs, des interdits moraux. De limiter la foi en une affaire de préceptes, d’adhésion intellectuelle, de doctrine.
Mais ce n’est pas cela que Jésus attend, il réclame une rencontre avec lui. Une relation personnelle, de cœur à cœur. Il ne s’agit pas de s’abriter derrière une opinion, mais de s’engager concrètement avec lui dans la confiance et la fidélité. Placer sa foi en un Dieu qui est le roc fidèle sur qui on peut s’appuyer, s’abandonner à lui, se laisser nourrir de sa Parole. Il pose la question à tous et à chacun en particulier et demande une réponse personnelle. Parce que croire est toujours une amitié singulière.
Si la rencontre avec Jésus est intime, elle exclut toujours l’individualisme. Consentir à lui par la foi nous fait entrer dans le peuple des croyants, devenir membre du Corps du Christ. Par nature, la foi chrétienne est communautaire. La confrontation concerne autant la relation à Jésus que celle aux autres croyants. Elle est communion de l’être humain avec le Christ et avec ses sœurs et frères dans le Christ.
Pareille relation-communion ne saurait résulter d’une intuition humaine, encore moins d’efforts de notre seule volonté à tendre vers le spirituel. Elle est toute entière grâce, don gratuit, illumination venue d’En-Haut, à recevoir avec humilité et gratitude. Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Répondre à la question de Jésus, c’est s’engager d’être entraîné par ce Dieu qui se donne tout entier et de s’ouvrir à la gratuité de cette relation d’amour dans l’altérité des enfants d’un même Père.
Heureux sommes-nous, avec Simon fils de Yonas, quand nous acceptons ce don d’amour. Lorsque, avec lui, nous devenons pierre sur laquelle les autres peuvent s’appuyer : Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église. Tous nous sommes appelés à devenir, avec Pierre, des pierres vivantes de cet édifice. L’Église se bâtit tous les jours à partir de nous. Et avec Pierre, nous recevons les clés du royaume.
Heureux sommes-nous, avec Pierre, quand nous trouvons en Jésus le sens de notre existence. Lorsque notre foi nous mène dans la joie du pardon vers nos sœurs et frères pour les délier du mal, pour les lier les uns aux autres, pour que recule la haine, pour que progresse la solidarité et que triomphe la vie.
Heureux sommes-nous de vivre de la foi de Pierre. Il a tenue secrète la révélation de l’identité du Christ, prématurée avant l’achèvement de la mission de Jésus par sa mort et sa résurrection, pour ne la rendre manifeste qu’à la lumière de Pâques. Pour nous qui, à sa suite, témoignons du mystère enfin dévoilé au monde dans toute sa signification.
Aujourd’hui, avec Simon-Pierre, nous prenons conscience de la foi comme acte essentiel qui nous sauve et sauve le monde. Nous nous découvrons aussi comme don du Christ au monde. Car l’appel qui suscite en nous la foi nous conduit vers les femmes et les hommes de ce temps afin de prolonger dans l’histoire humaine les fruits de la Pâque du Ressuscité.