
Homélie pour le dimanche de la miséricorde. merci à Alexis de nous la partager.
La divine miséricorde se manifeste à nous aujourd’hui. Le Ressuscité nous donne à la fois la Paix et l’Esprit. Esprit et Paix sont intimement liés. L’Esprit saint nous fait connaître Dieu de l’intérieur, il nous fait participer à la relation d’amour entre le Père et le Fils, et il apporte la paix à notre esprit. Une paix qui n’est pas seulement l’absence de conflit, mais surtout une pacification du cœur qui permet de faire l’unité en nous, mais aussi en dehors de nous, avec ceux que nous côtoyons au quotidien.
Pareille paix du corps, de l’âme et de l’esprit trouve son origine dans l’amour de Dieu, ce que nous appelons sa miséricorde. Une tendresse, une compassion qui s’exprime pour chacun de nous, en même temps qu’une fidélité pour chacune de ses créatures. La miséricorde de Dieu est cet amour juste, puissant et vrai qui provient du Père et dont il englobe toute notre humanité.
Le Ressuscité se donne à voir à ses disciples au soir de Pâques. Ceux-ci, bouleversés et apeurés par ce qu’ils ont vécu, avaient verrouillé les portes du lieu où ils se trouvaient. Jésus défie les lois physiques en pénétrant toutes portes closes, apparaissant et disparaissant à sa guise. Il apaise les siens dans la paix de son Esprit. De même, il est au milieu de nous pour nous aider à dépasser nos angoisses et nos peurs, à déverrouiller certaines portes que nous gardons closes et nous engager à poursuivre sa mission.
Apporter la miséricorde de Dieu à tous, voilà la mission qui nous revient désormais, ainsi qu’il a envoyé ses disciples ce soir-là. Remettre les fautes constitue la tâche première de l’Église. Jésus l’a voulue comme instrument de la miséricorde de Dieu. Et nous qui formons l’Église avons reçu d’être les agents du pardon de Dieu apporté à tous les êtres humains. Cette mission de miséricorde, nous ne pouvons l’exercer au cœur du monde de manière crédible et efficace que dans l’inspiration de l’Esprit et en y insufflant des ferments de paix. Pour que l’humanité renouvelée partage en plénitude l’amour de Dieu.
Nous ne pouvons atteindre l’amour de Dieu qu’en l’expérimentant nous-mêmes. Nous ne savons nous contenter des seuls témoignages, c’est par nos sens, la vue, l’ouïe et le toucher, que nous accédons à la foi. Voir n’est pas un acte neutre, c’est prendre position, se situer. Les yeux sont la porte par laquelle l’autre nous pénètre. Le regard que l’on porte sur les êtres, les évènements, est déterminant.
Ainsi Thomas exige-t-il de voir et toucher. Lui, le plus bouillant des Douze, qui, quand Jésus s’était rendu chez Lazare se jeter quasiment dans le traquenard de ses ennemis, s’était écrié : « Allons-y nous aussi et mourrons avec lui » (Jn11,16). Lui demande maintenant à voir. Pour construire le Corps du Christ, ne faut-il pas le voir d’abord ? Est-il possible de découvrir l’amour sans le voir dans le regard, dans le cœur de l’autre ? Le témoignage de Thomas permet d’entrer dans une autre vision, qui donne de confesser avec lui « Mon Seigneur et mon Dieu ». Thomas l’incrédule résume bien la foi de toute l’humanité.
Le Seigneur vivant nous invite, à la suite de Thomas notre jumeau, à voir ses mains, à toucher son côté au lieu du cœur blessé, pour constater qu’il bat encore, plus que jamais, au rythme de la résurrection et du souffle de Dieu. Le lieu de la rencontre avec lui est bien au cœur de ce temps, dans l’épreuve de la fidélité et de l’endurance. Temps de la foi et des signes de la foi, pour que la mort dise la vie. Heureux qui croit sans avoir vu. Pour que la résurrection nous travaille aujourd’hui au corps.
Superbe homélie, merci beaucoup !
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