
Entre Ascension et Pentecôte, nous vivons d’une promesse. Nous sommes conviés à porter l’espérance du monde en priant le Père de donner son Esprit. Une prière d’attente confiante qui témoigne de notre engagement dans l’œuvre du Fils. La prière de Jésus, du Christ glorifié, prière sacerdotale toujours actuelle, dans laquelle nous sommes appelés à entrer, car toute prière chrétienne se vit par lui, avec lui et en lui. Une prière qui nous fait participer à la relation d’amour de Jésus à son Père.
L’heure est venue de la gloire du Christ, qui est manifestée par sa Passion et sa Résurrection. La gloire est pour nous synonyme d’honneur, de reconnaissance des œuvres et des vertus d’une personne. Pour Jésus, comme pour tout juif, glorifier signifie concrètement peser, être pesant, s’endurcir, s’appesantir. La gloire dit le poids d’une personne, la densité de sa présence, son retentissement, son influence dans nos vies. Quelle importance prend Dieu pour nous dans le quotidien de nos existences ?
Quand Jésus prie « Père, glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie », il lui dit peut-être « Resplendis en moi, que l’on te reconnaisse en moi, et je serai le reflet de ta splendeur. » Une prière que nous pouvons faire nôtre. En donnant notre confiance au Fils, nous nous associons à lui dans sa communion avec le Père, et nous participons au jaillissement de vie qu’est l’amour de Dieu.
Jésus en appelle à connaître le Père en connaissant le Fils. Une connaissance qui relève de l’expérience de vie et de la fréquentation concrète plutôt que d’un savoir abstrait et théorique. Connaître rend alors compte d’une rencontre intime avec quelqu’un. Ainsi, quand on rencontre l’amour, on expérimente la profondeur du rapport à l’autre dans la joie des commencements. Connaître Dieu n’a rien à voir avec une théologie, un discours sur sa nature, mais signifie une rencontre avec lui au plus intérieur de nous-mêmes. Une découverte de Dieu dans la profondeur de la vie. Là réside déjà la vie éternelle.
Quand on évoque la vie éternelle, on la limite souvent à la vie dans l’au-delà. S’il est vrai que l’éternité est promise après la mort, elle concerne tout autant notre aujourd’hui. La vie éternelle est d’abord la plénitude de la vie en Dieu, notre participation à la vie de Dieu, qui commence dès maintenant. Elle est le surgissement du temps de Dieu dans le temps de l’homme. D’aucuns y voient même l’assurance du bonheur terrestre et de la prospérité. L’éternité commence ici-bas quand nous collaborons à la venue et à la croissance du Royaume de Dieu par des œuvres d’amour, de solidarité et de paix.
Jésus s’adresse à son Père pour ses disciples. Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donné. Il fait la distinction entre ceux qui ont cru en lui et ceux qui lui font obstacle. Non dans l’intention de rejeter, mais parce que l’amour ne peut s’imposer. Ceux qui ont gardé fidèlement la parole restent dans le monde, mais différents, parce qu’ils ont été transformés par cette parole. En eux va briller désormais pour tous la gloire et l’amour infini de Dieu.
Une lumière qui nous est confiée. Nous qui vivons cet entretemps de l’Ascension et de la Pentecôte et qui attendons la flamme de l’Esprit. Nous qui prions pour accueillir le don de Dieu. Il y a un temps pour chaque chose, un temps pour prier et un temps pour agir. La prière ne dispense pas de l’action. L’action ne remplace pas la prière. La prière éclaire et accompagne l’action du chrétien envoyé dans le monde.