
Creuser la terre pour rechercher un trésor, plonger au plus profond des mers dans l’espoir d’y trouver une perle précieuse, escalader un pic inviolé pour être le premier à embrasser du regard les vallées de la cime, franchir les océans seul en bateau. Vaines chimères ? Risquer sa vie pour réaliser un rêve relève de la folie. Mais qui n’a pas sa part de rêve ? Et la vie serait triste et monotone sans un peu de folie.
L’Évangile présente des gens qui laissent tout, qui osent tout, pour un trésor. Jésus nous enseigne que le seul trésor qui en vaille la peine, c’est l’amour de Dieu. Et si l’on ne risque pas tout pour cet amour, c’est qu’il ne signifie pas grand-chose pour nous, que nous n’en sommes pas dignes.
Trois petites paraboles – le trésor caché, les perles fines, le filet jeté dans la mer – pour nous présenter le Royaume et ses enjeux. Le Royaume n’est pas une abstraction, ou une construction intellectuelle qui ne nous concernerait qu’après notre mort, comme nous l’imaginons souvent. Le Royaume est une réalité qui prend déjà forme pour nous aujourd’hui, à expérimenter dans le quotidien de nos existences, dans la complexité de la vie et son foisonnement, et que nous sommes appelés à édifier. Il naît à ce monde quand notre relation à Dieu va s’approfondissant, s’épurant dans la communion aux autres. Une réalité qui dépasse nos rationalités, qui n’a pas de prix et où le courant de la vie irrigue comme une sève du Créateur vers sa créature.
La venue du Royaume n’est pas une menace, c’est au contraire une Bonne Nouvelle pour l’humanité. Dieu nous propose d’entrer en communion d’amour avec lui. Il nous laisse libres d’accepter ou de refuser ce qu’il nous offre. À nous donc de décider. Quelles valeurs voulons-nous vivre et partager, la richesse, le pouvoir, les honneurs, ou la sagesse, la justice, la solidarité ? Nous sommes placés devant nos choix de vie, pour distinguer notre essentiel, nos priorités. Et mesurer nos objectifs, nous concentrer sur nos seuls intérêts, ou sur ce qui nous permettra d’aider les autres. Tout est possible.
Les paraboles nous disent que le Royaume est là tout proche. Il est mêlé à tout ce qui fait la vie de ce monde. C’est une chance à saisir. Mais une opportunité qui suppose également des renoncements, des sacrifices à consentir. De quoi sommes-nous disposés à nous dessaisir de nous-mêmes pour y accéder ? Prenons-nous la patience de discerner ce qui est à garder et ce qui est à rejeter ?
À nous alors de comprendre ce que dit Jésus dans son limpide appel à la conversion. Si les bons et les méchants coexistent non seulement dans le champ du monde mais aussi dans le filet de l’Église, seuls les justes trouvent pourtant une place dans le Royaume.
Le règne de Dieu est exigeant, mais sa vitalité est puissante et féconde. Continuons à le chercher pour mieux encore le découvrir. Dieu, qui donne tout, nous respecte assez pour ne pas nous donner du tout fait. Prenons alors le temps du discernement, pour nous rencontrer nous-mêmes et rencontrer les autres. Demandons au Seigneur un cœur qui sache écouter et découvrir ce qui est notre vrai trésor et ce qui fait la saveur de la vie.