méditation du 7 septembre

merci à Alexis de nous avoir envoyé cette méditation

L’évangéliste Luc met en scène le choix des Douze apôtres et le ministère de guérison de Jésus auprès de la foule juste avant le discours des Béatitudes.[1] Sans doute veut-il préparer ses plus proches disciples, et nous à travers eux, à pratiquer ce qu’il fait et enseigne pour vivre en bienheureux le service du frère dans le quotidien et la prière.

Jésus parcourt la Galilée au départ de Capharnaüm avec ses disciples, où il enseigne les foules et opère plusieurs guérisons[2] en suscitant l’étonnement et la crainte dans la population. Son comportement[3], en particulier son rapport au sabbat ou encore les relations qu’il entretient avec les personnes qualifiées de pécheresses[4], entraîne déjà les premières polémiques avec les autorités religieuses juives.[5]

Avant toute chose, Jésus prie. Le fait est souvent souligné par l’évangéliste, ce qui indique l’importance qu’y accorde Jésus. La prière est pour lui le moment privilégié de solitude, de ressourcement, surtout d’intimité avec son Père. Jésus ne prie pas n’importe où, il se retire sur la montagne, par excellence lieu de désert, d’isolement, de rencontre avec soi-même et avec Dieu. En l’occurrence, la prière de Jésus souligne l’importance du choix des Douze.

Après avoir prié toute la nuit, Jésus procède au choix des Douze parmi les disciples, auxquels il donna le nom d’apôtres. Autrement dit, il établit une relation privilégiée avec douze de ceux qui le suivaient, et dont il avait déjà appelés certains[6], pour leur confier la mission de porter son message de salut en leur qualité de missionnaires, d’envoyés.[7] Luc réserve le nom d’apôtres aux Douze[8], un chiffre dont la signification emblématique puisqu’il symbolise la plénitude.[9]

Le choix des Douze fait penser aux généalogies dont est friande la Bible hébraïque et diffère des récits de vocation qui mettent l’accent sur l’appel de Dieu et la réponse de celui qui est élu. Une énumération de noms qui indique l’importance de savoir d’où on vient concrètement et à qui on est relié. Dans cette liste figure en premier lieu Simon-Pierre, le responsable du groupe et qui reçoit un nouveau nom pour une destinée nouvelle. Ensuite son frère André, le premier appelé. Le catalogue des apôtres comprend deux évangélistes, Jean et Matthieu. Mais aussi Judas Iscarioth, celui qui trahit. Peut-être Jésus avait-il pressenti cette forfaiture, et l’évangile indique-t-il que la trahison fait partie de la vie ?

Jésus rencontre une grande foule de partout, tant de Judée que du littoral païen, et donc rassemble la multitude des peuples, sa mission est universelle. Il est descendu de la montagne dans la plaine.[10] Il vient rejoindre les gens non dans un endroit privilégié, mais dans leur vie quotidienne, dans leur lieu habituel d’existence. Le ministère de Jésus se nourrit d’enseignements, de guérisons et d’exorcismes. Il manifeste avec force la puissance de Dieu à l’œuvre dans le monde et dans la vie des gens.

Aujourd’hui, le Christ vient nous rejoindre dans le quotidien de nos existences. Nous nous situons plus souvent dans la plaine qu’au sommet, mais peu importe, puisque Jésus est également présent dans nos difficultés, dans les situations ordinaires, les plus banales. Il nous engage, à sa suite, à consacrer du temps à la prière, pour nous préparer à affronter les moments importants de notre vie, à trouver des lieux ou des moments où s’isoler pour rencontrer Dieu. Il nous appelle, comme les Douze, pour le service du prochain. Il nous confère la puissance de consoler nos sœurs et frères, de les guérir, d’exorciser le mal qui est en nous et autour de nous. Bienheureux serons-nous si nous vivons son appel !  


[1] Discours dans la plaine : Les heureux et les malheureux (Lc 6,20-26).

[2] Purification d’un lépreux (Lc 5,12-16) ; Guérison d’un paralysé (Lc 5,17-26).

[3] Les épis arrachés le jour de sabbat (Lc 6,1-5) ; Guérison d’un homme à la main paralysée, le jour du sabbat (Lc 6,6-11).

[4] Vocation de Lévi et appel des pécheurs (Lc 5,27-33).

[5] Question sur le jeûne (Lc 5,32-35) ; Le vieux et le neuf (Lc 5,36-39).

[6] Simon-Pierre, Jean et Jacques (Lc 5,1-11), Lévi (Lc 5,27-32).

[7] Le grec apostolos se traduit par envoyé, missionnaire.

[8] Contrairement à Paul, pour qui le nom d’apôtres n’est pas réservé aux Douze (il est lui-même apôtre).

[9] Le chiffre douze apparaît dans de nombreuses cultures : les douze travaux d’Hercule, les douze divinités olympiennes, les douze Titans. Il est utilisé en astrologie : les douze constellations du Zodiaque. De même il est courant dans les religions juive et chrétienne : les douze tribus d’Israël, la Jérusalem céleste a douze portes et son rempart fait 144 (12×12) coudées, les 144.000 élus de l’Apocalypse (12x12X1OOO, soit le chiffre de la multitude). Douze (4×3) signifie l’accomplissement du créé (4) dans l’incréé divin (3).

[10] Le discours des Béatitudes, chez Luc, est un discours dans la plaine, contrairement à l’évangile de Matthieu, qui présente le discours sur la montagne. L’évangile de Luc ne comporte ainsi qu’une unique montée vers Jérusalem. La dynamique de son œuvre représente la montée de la Parole de Dieu vers Jérusalem (dans l’évangile), qui est suivie d’une descente de cette Parole vers les nations païennes (dans les Actes des Apôtres).

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