méditation de ce 26eme dimanche ordinaire

Le pauvre Lazare est aux portes de nos indifférences. Il a le visage de tous les exclus et des chômeurs de notre société de consommation. Ou encore du réfugié fuyant la guerre et la famine qui afflue dans ce qu’il imagine un Eldorado par les voies des terres, des mers et des airs. Il voudrait se rassasier de ce qui tombe de notre table. Plus que de ressources énergétiques, notre monde est en panne de justice et de générosité. Les privilégiés continuent une existence insouciante, insensibles aux situations de pénurie où végètent les plus malchanceux. L’humanité se meurt par déni de solidarité.

L’attrait des richesses et de la vie facile anesthésie l’homme qui, dans une course effrénée au profit, oublie que Dieu l’a créé pour son règne d’amour et de partage. Son indifférence envers le pauvre est non seulement coupable, mais de plus le rend incapable de se projeter dans un avenir autre que celui de reproduire et d’amplifier les inégalités et les abus qui ruinent la terre et la conduisent à sa perte.

A travers l’histoire du pauvre Lazare et du riche, Jésus nous adresse un vaste appel à la conversion. Une urgence à changer de style d’existence. Notre mode de vie se fonde sur l’immédiateté, nous avons perdu cette dimension d’espérance qui dilate l’être pour l’ouvrir au mystère de Dieu. Comme le riche de la parabole, dont il n’est dit nulle part qu’il soit mauvais en soi, mais qui est incapable de voir plus loin que l’horizon de sa vie terrestre, de sa propre jouissance.

Le choix qu’il a fait d’un bonheur immédiat, égoïste, lui ferme la porte au bonheur qui dure. Ni Dieu ni personne ne peuvent rien pour ceux qui se laissent dominer par les richesses mondaines et creusent un abîme infranchissable entre eux et les réalités d’En-Haut. Le gouffre s’agrandit aujourd’hui de plus en plus entre les privilégiés et les exclus, entre les nations riches et les peuples pauvres.

Le pauvre s’appelle Lazare, El-azar, littéralement Dieu a aidé. Ainsi, Dieu aide le pauvre. Donner un nom à quelqu’un, c’est lui reconnaître une existence autonome, pour entrer en relation, en interaction avec lui. Le nom est créateur de lien, il pose celui qui est nommé en vis-à-vis, en situation d’altérité. Lazare existe donc pour Dieu, il a du poids, de l’importance, ceux de l’aide qu’il lui accorde en le recevant auprès d’Abraham pour sa consolation. Le riche lui, n’a pas de nom, il n’a pas d’existence auprès de Dieu. Son indifférence dirime tout rapport à Dieu et le condamne à la privation de toute aide de sa part.

L’appel de Jésus à la conversion est rude. Tout est possible à notre humanité si elle ne se laisse pas pervertir par les richesses, par la suffisance. Mais si elle est aveuglée par celles-ci, elle se ferme à la Parole et ne se fie plus qu’à son propre jugement. Même la résurrection du Christ ne la convainc plus. N’est-ce pas le cas pour beaucoup de nos contemporains, chez qui l’Evangile n’a plus guère d’écho ?

Une foi concédée du bout des lèvres est insuffisante, il faut se montrer cohérent par des actes d’amour, de justice, de solidarité, de respect. La résurrection n’est vraie que dans la mesure où chaque être humain est debout, réveillé, rendu à la vie et à la dignité. Plus qu’un avertissement sévère, l’exhortation du Christ est un message d’amour qui plonge ses racines dans les terres délaissées, les lieux oubliés, les cœurs meurtris.

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