méditation de ce 20 septembre

Déconcertante parabole des ouvriers de la onzième heure, où Jésus nous donne la vie éternelle comme salaire, mais prévient que les derniers seront premiers et les premiers seront derniers. Dieu bouleverse toutes les hiérarchies humaines et nous ne pouvons que difficilement accepter que les premiers appelés dans son Royaume soient les derniers arrivés.

La question qui se pose alors est celle de la justice. Est-ce Dieu qui est injuste, ou est-ce l’être humain qui est jaloux ? Mais pose-t-on la question correctement ? Ne doit-on pas d’abord se demander ce que dit la parabole de Dieu, et ce qu’elle dit de l’être humain ? Et voir ensuite de quelle justice il s’agit. Est-elle uniquement rétributive, ou bien un ajustement de relation à Dieu et aux autres ?

D’un point de vue strictement humain, il est incompréhensible et inacceptable que les derniers venus – par exemple ceux qui se convertiraient sur leur lit de mort – reçoivent de Dieu un traitement identique, pour accéder à la vie éternelle, à ceux qui se sont dévoués leur vie durant à l’œuvre du Royaume. De même que l’on conçoit difficilement un salaire égal pour les travailleurs et pour les inactifs. On brandit le sceptre de l’injustice. Et il est humainement injuste que les ouvriers arrivés à la vigne à la onzième heure soient rétribués comme ceux qui ont enduré le poids du jour et la chaleur. Mais le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes et la justice de Dieu n’est pas la justice des hommes.

Matthieu est confronté à ces incompréhensions quand il relate cette parabole. La communauté pour qui il écrit est composée de Juifs convertis. Des gens pétris de l’enseignement des Écritures et qui voient en Jésus leur accomplissement. Ils payent à prix fort leur engagement, exclus qu’ils sont des synagogues et persécutés par le pouvoir romain. Ils s’estiment, de juste droit, les héritiers du Royaume. Alors, quand de nouveaux venus, des païens, qui en prennent à l’aise avec les prescriptions de la Loi, prétendent aspirer, au même titre qu’eux, à cet héritage, ils se rebellent.

Pourtant, la Bonne Nouvelle de la parabole n’est-elle pas précisément, que ces mêmes païens, qui n’ont découvert l’appel de Dieu qu’à la dernière heure, recevront la même part que le peuple juif, qui l’a reçu dès la première ? L’annonce devrait plonger dans la joie pour la vie éternelle qui est désormais à portée de tous, mais elle est accueillie par des récriminations et des grincements de dents.

En effet, si le maître de la vigne fait passer les derniers arrivés avant les premiers pour la distribution du salaire, c’est pour que ceux-ci puissent se réjouir du cadeau fait à leurs frères. Mais au contraire, ils se plaignent de l’injustice dont ils seraient l’objet. Les êtres humains sont-ils envieux et revendicatifs au point d’être incapables de se réjouir de ce qui est accordé aux autres ?

Il faut couper l’herbe sous le pied à la prétention que Dieu serait injuste. Il ne s’agit pas ici de justice sociale proportionnelle. Le maître de la vigne ne se montre pas injuste envers les premiers engagés, il leur donne leur juste rétribution, comme il s’y était engagé. Il donne simplement plus que ce qui est juste aux ouvriers de la dernière heure, qui n’avaient pas trouvé d’embauche de toute la journée. Pourquoi être jaloux quand Dieu donne plus aux défavorisés ? Pourquoi regarder d’un œil mauvais celui qui fait preuve de bonté ?

La justice de Dieu ne consiste pas en des questions de préséance ou de normes. Le Royaume n’est pas une méritocratie. On n’y accède pas par des règles d’ancienneté, de prérogative ou de valeur. L’essentiel est ailleurs, dans la dynamique du don mutuel. La logique de Dieu réside dans la gratuité. Il se donne sans compter et il donnera toujours infiniment plus que ce qu’on pourrait prétendre. Dieu est juste non pas comme un juge qui comptabiliserait tous les manquements. Non, il est juste parce qu’il veut s’ajuster à nous, établir avec tout être humain une relation de réciprocité. Est donc juste devant Dieu celui qui cherche à s’ajuster à lui dans des rapports de respect mutuel.

Être juste devant Dieu n’est pas être méritant, mais ajuster son cœur au diapason du cœur de Dieu. Qui que nous soyons, embauchés de la première heure ou ouvriers de la onzième, il nous donne aujourd’hui sa Parole de vie pour découvrir ses pensées et ses chemins.

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