
Merci à Alexis de nous permettre de voyager à Rome aujourd’hui.
Pourquoi fêter la dédicace d’une église, même prestigieuse comme la Basilique du Latran[1] ? Ne serait-il pas plus signifiant de porter d’avantage l’attention sur ceux qui ont construit l’Eglise, ici et ailleurs ? Peut-être, mais en célébrant l’Eglise-mère de tout l’Occident chrétien, tous ceux qui y ont contribué sont mis en avant. De plus, des liens sont mis en évidence entre nous, les Eglises-filles, et cette Eglise-mère. Ces relations de filiation et de communion nous disent à quelles sources nous nous abreuvons. Surtout, elles nous rappellent qu’on n’est pas chrétien tout seul et que l’on se reçoit toujours d’un autre.
Ce qui est vrai dans l’Eglise catholique en union avec l’évêque de Rome, l’est aussi pour chacune des Eglises particulières, regroupées autour de son évêque diocésain. Ainsi, chacune des unités pastorales[2] est fille de l’Eglise-mère du diocèse. Et les paroisses, en interdépendance aves ces unités pastorales, ne sauraient exister, se nourrir et se développer en dehors de cette communion et de ce lien filial. S’isoler, c’est flétrir, et, à terme, mourir !
Nous paroissiens catholiques avons parfois tendance à faire nos petites affaires, nos cultes par exemple, entre nous, souvent au détriment d’assemblées plus significatives. Nos clochers gardent assurément leur importance, mais ne sommes-nous pas parfois à l’image des marchands du Temple, qui vivent en vase clos, et que Jésus chasse avec éclat ? Ils ne faisaient pourtant rien de mal, leur commerce était utile, mais ils oubliaient l’essentiel, Dieu et sa gloire. Rappelons-nous l’importance de manifester cette gloire de Dieu par une communion dans l’unité de nos communautés !
Pour les juifs du temps de Jésus, la gloire de Dieu résidait dans le Temple, qui faisait toute leur fierté. Le Christ les provoque en leur signifiant que c’est en lui que resplendit la gloire de Dieu. La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant : la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu.[3] L’homme dont la source n’est pas tarie, dont la joie fait jaillir la vie. Celui qui communique le désir de vivre et de resplendir.
Le Temple est chacun de nous. Dieu vient nous visiter chacun en particulier, tout être humain est le lieu sacré où il établit sa demeure. Le Temple est aussi nous ensemble. Ce temple doit être une construction harmonieuse où chacun a sa place, où chacun s’appuie sur les autres, où chacun porte les autres, où ensemble nous reflétons quelque chose de la gloire de Dieu.
Du côté droit du Temple jaillit de l’eau. Un torrent qui vient assainir la Mer morte, tout ce qu’il pénètre. La vie apparaît en tout lieu qu’arrose cette eau. Toutes sortes d’arbres fruitiers y poussent. A l’image de cette eau, la grâce de Dieu vient féconder nos communautés, épurer tout ce qui est mort en elles. Elle fait foisonner la vie dans ce Temple que nous formons tous ensemble et y suscite des fruits nouveaux. Nous sommes assurés que les fruits seront une nourriture. Ou encore, c’est pour les autres, pour que nous puissions répondre à leurs besoins profonds, que Dieu nous donne de resplendir de vie.
Cette eau surgit désormais du cœur même du Crucifié,[4] du sanctuaire de son corps. L’eau vive coule du cœur de notre Dieu pour assainir les ratages de nos existences et nous garder dans sa communion. Que nous sachions nous nourrir et nous abreuver de ce qui provient de cette source qui jaillit sous le seuil du Temple, afin que notre feuillage ne flétrisse pas !
[1] La Basilique du Latran est la cathédrale du pape en tant qu’il est évêque de Rome. Elle a été érigée sous l’empereur Constantin vers 320.
[2] Pour reprendre la terminologie officielle du diocèse de Liège.
[3] Irénée de Lyon.
[4] Mais l’un des soldats, d’un coup de lance, le frappa au côté, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau (Jn 19,34).