méditation pour le 5eme mardi de carême

merci à Alexis de cette méditation sur le parole du jour

Le carême est chemin de longue haleine qui élève le croyant vers la Pâque de Jésus, qui culmine vers la Passion et le Résurrection. Une démarche de foi qui monte aujourd’hui en puissance avec le récit, dans l’évangile de Jean, de l’annonce du départ de Jésus et du jugement définitif qu’il porte sur les autorités juives. Tout disciple est appelé à reconnaître Jésus et de croire en lui. Le reconnaître d’abord dans son enseignement, dans la Parole qu’il distille au quotidien pour le rendre présent et nourrir la foi. Discerner ensuite les signes dont il parsème l’existence de ceux qu’il aime. Entrer enfin avec lui dans sa relation au Père pour témoigner avec lui, par le service du frère, se son amour.

La situation est tendue entre Jésus et les autorités juives qui cherchent à le faire périr. Il a effectué le voyage de Galilée à Jérusalem presque en catimini à l’occasion de la fête des Tentes[1]. Malgré le danger,  Jésus enseigne dans le Temple et s’oppose aux pharisiens. L’évangéliste Jean nous le présente maître des évènements[2] : Personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue.[3]

Les pharisiens se méprisent totalement sur les intentions de Jésus quand il leur dit «Là où je vais, vous ne pouvez aller.» Ils le soupçonnent de vouloir se suicider, ce qui est un des péchés les plus graves du judaïsme. C’est toute l’ironie[4] de la situation car, dans leur interprétation erronée des paroles de Jésus, ils en arrivent à prophétiser à leur insu la résurrection de celui dont ils souhaitent ardemment la mort.

L’incrédulité ou l’incompréhension des pharisiens scelle leur perte. Le salut consiste en effet à croire en Jésus et à passer avec lui auprès du Père. En leur martelant[5] «Vous mourrez dans votre péché», il leur signifie que seul l’accueil du Christ dans la foi peut arracher au péché et la mort. Autrement dit, sont morts ceux qui vivent coupés de Dieu et de sa Parole.

Jésus lève le voile sur son identité divine en réplique à ses détracteurs. Vous êtes d’en bas, moi je suis d’en haut ; vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde, leur dit-il. Il oppose la sphère du créé, avec ses capacités et ses limites, dans laquelle il range les pharisiens, au ciel, c’est-à-dire à Dieu, dont lui-même est l’envoyé. Par ce «Moi Je suis»[6] Jésus s’identifie clairement à Dieu par le Nom dont celui-ci se désigne à Moïse au Buisson ardent.[7] Pour un interlocuteur juif, il blasphème, ce qui constitue par conséquent un motif supplémentaire de condamnation. Jésus vient signifier que la libération du péché et de la mort dépend inconditionnellement de la reconnaissance dans la foi en sa divinité.

La divinité de Jésus paraît dans son rapport à son Père. Avec constance, il enseigne son identité et sa mission, mais ses auditeurs manifestent, avec la même constance, qu’ils sont incapables de l’entendre. C’est seulement quand il sera élevé sur la croix et dans sa gloire, que sa condition divine apparaîtra, en même temps que la vérité de sa parole. Seuls ceux qui acceptent de faire la volonté du Père sont prêts à en recevoir la révélation. Jésus est tout entier au service du Père.

Jésus interpelle aujourd’hui notre foi et notre espérance. L’heure arrive de se déterminer par rapport à Dieu en choisissant son camp entre l’appartenance au monde ou à Christ. Reconnaître Jésus nous libère de nos oppressions : apprenons à identifier nos peurs, nos manques pour pouvoir nous engager dans une démarche de miséricorde, de réconciliation. Voir le Père en Jésus est source de vie : tentons de nous dégager des cultures de mort, si souvent entretenues par l’incompréhension et l’incrédulité, en vivant en rupture de Dieu et de sa Parole. Reconnaître Jésus pour proclamer qu’il est Dieu. Oser lui dire en vérité, comme Marthe au tombeau de Lazare : Toi tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde.[8]


[1] Fête des vendanges, où l’on dresse des tentes dans les vignes ou les jardins. C’est une fête qui rappelle l’Exode et a une connotation messianique.

[2] Dans tout son évangile, et particulièrement pendant la passion, Jean montre Jésus comme maîtrisant les événements qu’il traverse, comme sa mort (son heure).

[3] Discours de Jésus sur la lumière du monde (Jn 8,20).

[4] Jean manie souvent ce type de figure de style (dite ironie johannique) où il fait annoncer un fait par des ennemis à leur insu.

[5] Pas moins qu’à trois reprises.

[6] Ego Eimi est la traduction grecque du Tétragramme de la Transcendance. Jésus utilise deux fois l’expression.

[7] Théophanie du Buisson ardent (Ex 3,14).

[8] La résurrection de Lazare (Jn 11,27).

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