
Alexis nous propose une médiation pour rester dans la lumière du ressuscité. bon Lundi de Pâques à vous. Vous aurez aussi droit à une médiation pour demain, comme nous serons un mardi.
La pierre roulée, le tombeau vide, des linges posés à plat, le suaire roulé à part, voilà tout ce que Dieu donne à voir ! À chacun de se débrouiller ! Maigres indices, pauvres preuves pour pareil événement ! Les signes sont ténus et posent plus de questions qu’ils ne donnent de réponses.
C’est pourtant d’eux que dépend la foi en la résurrection. D’eux et du témoignage de femmes craintives ou d’un Simon-Pierre accouru en hâte et que ne savait que penser. Seul l’autre disciple, qui s’était effacé a vu et cru. Il a cru sur le témoignage des Écritures : Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Évoquer la résurrection, c’est discourir d’une expérience indicible. Quelque chose nous échappe et rien n’est évident. Avec les femmes devant la pierre roulée, nous posons les questions quotidiennes et pratiques de l’existence. Pas de corps à toucher, à saisir, pour savoir, pour dire adieu, pour faire un deuil. Le tombeau vide nous interroge, mais il ne prouve rien. Est-ce suffisant pour engager toute sa vie et se mettre à la suite du Seigneur absent ? Comme eux l’ont pourtant fait.
Bien sûr, il est apparu aux siens à plusieurs reprises, et elle est fort belle cette manière des évangiles de suggérer ce qui est incommunicable, mais précisément, la résurrection de Jésus demeurera toujours au-delà de nos mots et par-delà nos évidences et nos compréhensions. Le Christ est ressuscité, il s’est levé d’entre les morts. Cette affirmation est le cœur de notre foi. Et pourtant, il nous est difficile de lui donner un contenu. Nous sommes un peu comme les apôtres après la Transfiguration de Jésus, qui ne cessaient de se demander ce que peut bien vouloir dire ressusciter d’entre les morts.
Ce que nous pouvons en pressentir, c’est qu’il y a un passage, une trouée dans les ténèbres de la mort. Un chemin d’où la vie ressurgit de la mort. Une vie qui émerge dans le don de l’amour. L’amour triomphe de la mort. Cette foi nous engage dans l’aujourd’hui. À nous de donner raison à Jésus, à ce qu’il nous a transmis. À nous d’habiller notre vie de résurrection.
L’enjeu de la résurrection est celui de la vie et de l’amour. C’est par l’amour que la vie triomphe de la mort. Notre vie ne prend tout son sens que dans un don d’amour. Se donner et s’abandonner, car ce qui n’est pas donné est perdu. La vie de Jésus a été une vie pour les autres, une vie donnée jusqu’au bout. Sa mort dans l’abandon et dans la confiance totale au Père en est l’éclatante signature.
Nous croyons que la densité de cette vie donnée, ce que nous appelons sa gloire, n’est pas perdue dans l’absurdité du néant. Le Père l’a ressuscité et a ainsi authentifié cette façon de vivre, a manifesté que c’était là le seul chemin de la vie. Et il nous l’a donné en exemple.
Ce qui est vrai pour Jésus l’est aussi pour nous. Donner sa vie par amour, suivre le Christ et prendre sa croix ne signifient en rien d’emprunter les voies desséchantes de la recherche de la douleur pour elle-même. Souffrir n’est pas un but en soi, mais aimer bien. Il s’agit de s’investir dans l’amour des autres, sur la route libératrice de la solidarité. Tel est le mystère de Pâques : Christ est ressuscité et nous ouvre la vie ! Source intarissable qui abreuve notre espérance.