méditation du mardi de Pâques

voici la méditation du mardi d’Alexis.

«Qui cherches-tu ?», demande Jésus à Marie-Madeleine ce matin de Pâques. Et nous, que cherchons-nous ? Une question qui traverse tous les protagonistes, alors que les ténèbres ne se sont pas dissipées.  En cette aube de résurrection, tous s’interrogent sur qui voit quoi, ou encore sur ce qu’on voit. Marie-Madeleine d’abord, qui voit le tombeau ouvert et vide. Simon-Pierre, ensuite, qui voit les bandelettes et le suaire rangés, ce que Marie n’a pas vu. Le disciple que Jésus aimait, enfin, qui vit et crut, mais qu’a-t-il cru ? Qui cherchent-ils donc, dans la précipitation et le clair-obscur de l’aurore neuve de l’humanité ?

Marie, dans son premier mouvement, se tenait près du tombeau au dehors. Elle reste sur sa première impression. «On a enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où on l’a déposé». Elle pleure, elle ne comprend pas ce qui s’est passé. De plus, sans corps, impossible de débuter le deuil de la personne aimée.

Sa perception est progressive, elle se penche vers le tombeau et aperçoit deux anges vêtus de blanc. Deux envoyés de Dieu assis l’un à la tête, l’autre aux pieds, comme étaient placés les deux Kéroubim aux extrémités du propitiatoire de l’Arche de l’Alliance.[1] Le tombeau est l’arche d’une Alliance nouvelle conclue dans la mort et la résurrection du Christ qui offre sa vie pour le salut de l’humanité.

Marie se retourne alors pour apercevoir Jésus. Son regard se porte vers l’extérieur, parce que Jésus est désormais en dehors du tombeau. La vie est en dehors du tombeau : Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant.[2] Pour rencontrer le Ressuscité, il faut détourner l’attention de ce qui est mort, il est à l’extérieur, là où palpite la vraie vie.

Marie-Madeleine ne reconnaît pas Jésus au seul premier regard, elle se méprend sur sa personne en pensant voir le jardinier. L’aspect de Jésus-ressuscité n’est pas le même que celui de l’homme-Jésus. Il se laisse reconnaître en appelant Marie par son nom.[3] C’est dans sa Parole qui nous est personnellement adressée que le Christ se donne à être reconnu par nous.

Une relation d’un mode nouveau s’établit maintenant entre Jésus et ses disciples. Un rapport à l’autre qui s’opère par son passage au Père, son entrée dans la gloire, la densité de présence du Père. Ce que signifie Jésus à Marie en disant «Ne me touche pas», ou plutôt «Ne me retiens pas». Et retenir Jésus, c’est chercher se l’approprier dans un lien humain qui est désormais dépassé.

Car la résurrection de Jésus instaure un rapport inédit à Dieu, une relation filiale. Il avait déjà appelé ses disciples à une liaison amicale. «Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître, je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître».[4] Aujourd’hui, il les qualifie de frères et établit un lien de paternité entre le Père et eux. Cette adoption traduit l’établissement d’une alliance nouvelle à laquelle participent les disciples en vertu de leur attache à Jésus entré dans la gloire du Père.

Après avoir introduit Marie dans cette dynamique d’attachement à lui et à son Père, Jésus l’envoie en mission vers ses frères leur annoncer son Ascension dans la vie de Dieu. Il en fait la première envoyée, l’apôtre des apôtres.[5] Sans elle, sans la mission d’une femme, l’annonce de la résurrection ne se serait pas faite. Seule une femme, peut-être, sait-elle transmettre le message de la vie ?

Aujourd’hui, le Christ interroge chacun de nous : «Qui cherches-tu ?» Une question qui se décline selon divers modes. Quelle conscience avons-nous de la résurrection ? Quand et comment reconnaissons-nous le Ressuscité dans notre vie ? Nous laissons-nous appeler par lui par notre nom ? Quelle relation avons-nous avec le Père ? Aujourd’hui, Christ est ressuscité des morts. Il a laissé vide le tombeau. Gardons-nous de le chercher où il n’est pas !   


[1] Et tu feras deux Kéroubim en or, tu les forgeras aux deux extrémités du propitiatoire. Fais un Kéroub à une extrémité, et l’autre Kéroub à l’autre extrémité, vous ferez les Kéroubim en saillie sur le propitiatoire, à ses deux extrémités (Ex 23,18-19).

[2] Le message reçu au tombeau (Lc 24,5).

[3] C’est seulement alors qu’elle l’appelle Rabbouni, qui est de l’araméen, et non de l’hébreu comme le suggère le texte.

[4] Jésus, la vraie vigne (Jn 15,15).

[5] Les Eglises orientales et orthodoxes qualifient Marie-Madeleine d’apôtre des apôtres.

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