pour le 3eme dimanche de Paques avec les disciples d’Emmaüs

Souvent nous pérégrinons désabusés sur nos chemins d’Emmaüs. Aujourd’hui comme au soir de Pâques, l’inouï de la Résurrection nous pose question. Difficile de percevoir la victoire de la vie sur la mort dans le supplice infâmant de la croix. La fin de Jésus a toute l’apparence d’une débâcle. Maints disciples se sont alors dispersés, abandonnant Jérusalem le cœur amer et l’esprit désemparé, pour rentrer chez eux et reprendre le cours de leur vie antérieure.

Ils avaient pourtant cru avec la force de toute leur espérance à ce Messie de Dieu. Sans doute n’avaient-ils pas compris qui il était vraiment, préférant penser qu’il serait le libérateur d’Israël. Jésus leur avait pourtant annoncé à plusieurs reprises sa Passion et sa mort. Mais ils n’avaient pu se résoudre à cette perspective. On fait souvent la sourde oreille quand on entend ce qui ne plait pas.

Qui étaient-ils ces deux disciples anonymes sur la route d’Emmaüs ? Sans doute avaient-ils accompagné Jésus à Jérusalem. Peut-être même à la croix, puisqu’un évangile y cite la présence de Marie femme de Cléophas.[1] C’est peut-être le couple qui retourne chez lui dans la déconvenue. Une figure féminine est bienvenue pour atténuer la lourdeur de la peine. Mais ces deux-là nous représentent tous, qui parfois cheminons désenchantés et en deuil de nos illusions.

Peu importe finalement, puisque Jésus les rejoint et marche avec eux. Leur aveuglement est profond et leurs propos désillusionnés. Ce qu’ils débitent d’une voix éteinte, ce sont pourtant nos préceptes fondateurs. Ils ont en main tous les éléments pour comprendre. Mais le visage est morne et il y manque la flamme de l’espérance. À nous aussi parfois, cette lueur fait défaut malgré nos professions de foi.

Dans pareil état d’esprit et de découragement, comment prêter foi aux déclarations de quelques femmes exaltées qui n’ont pas trouvé le corps au tombeau et y ont eu des visions assurant qu’il est vivant ? Ou encore du témoignage de compagnons corroborant les faits, mais qui ne l’ont pas vu ? Nous avons aussi tendance à écarter les affirmations de foi quand l’accablement ou la déception incitent à ne pas croire.

Aux disciples désappointés, Jésus explique par le détail la signification des événements, reprenant, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Les textes bibliques nous transmettent la Parole où nous pouvons découvrir la fidélité et l’amour de Dieu pour les siens. Ainsi, nous sommes mis devant l’attachement opiniâtre de Dieu pour l’humanité. Ouvrons dès lors, non seulement nos yeux, mais surtout nos cœurs pour qu’ils deviennent tout brûlants à l’écoute de cette Parole qui réchauffe et transforme.

Jésus se donne à reconnaître à la fraction du pain. Que de chemins, par le monde, sur lesquels marchent des hommes qui ont perdu l’espoir. Que de rêves et d’attentes déçus. La présence, les paroles peuvent aider, réchauffer les cœurs, mais ils ne suffisent pas à ranimer l’espérance. Seul le partage peut faire resurgir la vie et le goût de vivre. Le partage de la Parole et du pain fait communier au Corps du Christ.

À l’instant même, ils se levèrent. Se lever, le verbe de la résurrection. Désormais les disciples d’Emmaüs sont remis debout, ils retournent en hâte à Jérusalem porter témoignage à leurs frères. Comme eux, nous sommes rejoints par le Christ sur le chemin de nos doutes dans le partage du pain de sa Parole. Il vient dans le quotidien de notre vie et marche avec nous. Aujourd’hui, il nous relève, il nous ressuscite.


[1] La crucifixion et la mort de Jésus (Jn 19,25).

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