Commentaire pour le dimanche des rameaux.

Merci à Alexis de nous partager ce commentaire de la parole pour ce dimanche des rameaux. ce commentaire reprend aussi bien l’évangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem que la passion.

Contraste troublant entre l’accueil triomphant à Jérusalem de Jésus monté sur un petit âne : « Hosannah au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosannah au plus haut des cieux ! » et, à peine quelques jours plus tard, du déferlement de haine sur le dérisoire roi des Juifs : « Qu’il soit crucifié ! » Vient alors en tête cette lancinante question : étaient-ce les mêmes ? La foule déchaînée et vitupérant devant Pilate était-elle celle qui acclamait Jésus lorsqu’il arrivait en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers ?

Non, dirait-on spontanément. La foule qui rendait hommage à Jésus lors de son entrée à Jérusalem était composée de ses disciples, des gens qui l’accompagnaient depuis longtemps sur les chemins de Galilée, et de ceux qui étaient ses partisans dans la Ville sainte. Tandis que la foule devant le gouverneur romain avait été instiguée, chauffée à blanc par ses ennemis, les grands prêtres et les anciens.

Oui, on aime à le croire, mais quand même, quelle différence entre eux ? Les foules ne sont-elles pas, par nature, manipulables, versatiles ? Celui qui aime aujourd’hui ne peut-il pas haïr demain ? Et le zélateur n’est-il pas souvent fort proche, dans ses excès, du détracteur ? De quels revirements les gens sont-ils capables quand ils sont mis devant des situations qui les dépassent ?

La personnalité de Jésus a toujours partagé les hommes. Lui-même s’est présenté comme le Fils de Dieu, mais aussi sous la figure du serviteur souffrant du prophète Isaïe qui jamais ne s’est révolté ni ne s’est dérobé à sa mission. Aujourd’hui comme hier, l’image du Christ interpelle et force à se déterminer clairement. De recevoir sa personne et son enseignement, ou de les rejeter. Mais la ligne de démarcation entre l’accueil et le refus ne traverse-t-elle pas chacun de nous comme une fracture ? Comme un doute qui s’insinuerait au plus profond de nous, entre la chair et l’os [1] ?

Nos amitiés sont-elles solides, ou concédées du bout des lèvres ? Comprenons-nous qui est vraiment Jésus et ne nous faisons-nous pas une fausse image de lui ? Comme Judas qui l’a trahi peut-être surtout parce qu’il attendait un libérateur politique du peuple d’Israël. Ou encore ne manquons-nous pas parfois de courage pour aller jusqu’au bout de nos engagements ? Comme Pierre qui l’a renié parce que sa détermination a faibli dans l’adversité.

Nous sommes des êtres faibles, notre foi est vacillante et notre détermination fugace. C’est pourtant pour nous que Jésus a subi sa Passion. Pour nous qu’il a été jusqu’au bout de l’amour, qu’il a ressenti tristesse et angoisse à Gethsémani, qu’il a été bafoué, insulté, crucifié au Golgotha, et est mort seul.  Pour nous qu’il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.

Celui qui vient au nom du Seigneur, le fils de David entre aujourd’hui dans sa gloire. Mais c’est une gloire paradoxale puisqu’elle se manifeste sur la Croix. Nous sommes aujourd’hui devant la Croix du Christ. Que cette semaine sainte nous fasse cheminer vers la joie et la lumière de Pâques. Alors, avec lui, nous nous relèverons.


[1] Félix Leclerc, L’alouette en colère.

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