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Dieu n’exige pas de l’être humain qu’il accomplisse de grands exploits. Il l’a doté de l’intelligence, de la réflexion et de divers dons qu’il puisse faire fructifier. Par-dessus tout il a désiré qu’il lui fasse confiance et s’abandonne à son amour pour qu’avec ou sans œuvres, il le modèle en chef-d’œuvre de sa grâce.[1]
La parabole des talents est une parabole du Royaume. Elle répond au souci des premières communautés qui croyaient à un retour imminent du Seigneur. Une attente de la venue du Christ qui nécessite une vigilance soutenue dans la reconnaissance des signes annonciateurs, une fidélité à son enseignement, mais aussi un engagement actif dans la préparation du règne de Dieu. La parabole cristallise cet espoir par l’accent qu’elle met sur les exigences de pareille attitude pro-active.
Plus que l’activité, c’est la créativité, les capacités d’imagination qui sont stimulées. À l’époque de Jésus, la valeur d’un talent ne représentait pas moins que le fruit d’une quinzaine années de travail. Ce sont des montants colossaux que le maître confie aux trois serviteurs. Une gérance pour laquelle il ne donne aucune consigne précise ni aucune limite de temps. On suppose qu’il s’agit d’une période assez longue, pourquoi pas pour la durée de leur vie ? Dans ces conditions, toute latitude d’agir est laissée à chacun pour apporter une qualité de vie confortable. Á condition d’entreprendre, de faire preuve d’imagination. Ce que ne manquent pas de faire les deux premiers serviteurs. Le troisième lui, ne fait rien, par peur, par manque d’audace, par paresse intellectuelle. Il se condamne à une vie étriquée et médiocre pour à la fin se faire enlever même ce qu’il a.
Mais il y a plus grave que la simple nonchalance ou l’atermoiement dans le comportement de cet homme. Il y a la peur, la méfiance vis-à-vis de son maître. Ce qui est dénoncé ici, c’est la caricature que certains se font de Dieu, en le représentant tel un personnage dur, qui demande plus que ce qu’il a donné. Une attitude qui défigure le visage de Dieu. Qui le représente telle une idole grimaçante. Et qui éloigne du Dieu d’amour que nous reflète Jésus. Pareil comportement nous invite à en prendre le contre-pied par une confiance joyeuse en un Dieu aimant, une offrande libre de son cœur au service du Royaume. Celui qui a recevra encore, car il a ouvert son cœur pour recevoir la parole et les dons de Dieu.
Il y a talent et talent. Dans le langage courant, le mot signifie une aptitude acquise ou innée pour bien faire quelque chose. On parle encore de dons. Dans la parabole, Jésus semble désigner moins des dons naturels que des biens qu’il a en propre et qui concernent l’homme nouveau, les dons de l’Esprit. Ainsi, la Parole de Dieu se transmet par la foi, l’espérance, l’amour, autant de talents qui ne rapportent que s’ils sont mis en œuvre au service de tous. Seule entre alors en compte la capacité de vivre selon le Royaume, la volonté de mettre en œuvre l’Évangile. Les deux premiers serviteurs ont reçu la Parole de Jésus et l’ont mise en pratique, le troisième a reçu, mais sans mettre en pratique.
La Parole nous stimule à la reconnaissance des dons de Dieu, à la confiance et à l’énergie joyeuse dans la pratique de l’Évangile. Nous avons tous reçu des talents, selon nos capacités. Nous sommes engagés à les mettre en commun pour œuvrer ensemble, à l’avènement du Royaume. À mettre notre créativité, notre imagination au service de l’édification d’un avenir de paix, de justice et d’amour.
[1] André Louf, ocso, Abbé du Mont des Cats.