
Merci à Alexis de cette médiation dominicale.
Quand Jésus envoie les Douze en son nom, il leur donne comme seuls bagages sa Parole et la charité partagée. Leur unique richesse est l’hospitalité qu’ils vont rencontrer et qu’ils doivent recevoir comme un don et non comme un dû. Une rude expérience, mais riche en fruits de conversion et de guérison.
Une manière de procéder sans aucune mesure avec les méthodes utilisées aujourd’hui. On peut penser aux missions politiques ou économiques de nos gouvernements où se déploie le décorum diplomatique destiné à récolter des contrats commerciaux et de gros profits financiers. Ou aux missions humanitaires des organismes gouvernementaux, qui mettent en œuvre une logistique sophistiquée et nécessitent des mises de fonds considérables dont ne bénéficient pas toujours les populations concernées. Les logiques s’opposent radicalement, d’un côté la gratuité et la pauvreté des moyens, et de l’autre la technicité et la recherche de la rentabilité.
Jésus envoie les Douze les mains vides. Il aurait pu leur imposer des objectifs qualitatifs, réclamer d’eux un professionnalisme. Il n’ignorait rien pourtant des limites – tant intellectuelles que spirituelles – de ses disciples. Au contraire de nous, qui aurions choisi les meilleurs, les plus performants, il envoie des hommes qui n’arrêtent pas d’appeler au secours. Il envoie des pauvres et fait confiance en eux. Avec pour seul mandat de partager les découvertes qu’ils ont faites depuis qu’ils le suivent, même s’ils n’ont pas encore bien saisi le sens de ce qu’ils ont vécu avec lui.
La pauvreté conditionne la réussite de la mission apostolique. L’Evangile doit être annoncé aux pauvres par des pauvres. Parce que la seule richesse est la Parole à annoncer. Jésus insiste sur l’indigence des moyens et le manque de prestige. Parce que seul est opérant le témoignage de l’Evangile à annoncer et que la lourdeur des moyens serait contreproductive. Ainsi ne faut-il pas prétexter de la pénurie pour ne rien faire. Seules importent l’audace et la perspicacité de ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle.
Jésus envoie les Douze deux par deux. La mission est un travail d’équipe et suppose une vie fraternelle. Elle n’est pas une attribution individuelle, mais une affaire d’Eglise. Ainsi, il n’est pas question de vouloir s’approprier la mission, d’agir à son propre compte. Il faut consentir à collaborer, à discerner ensemble en Eglise, chaque initiative. Le Christ est le seul maître d’œuvre.
Jésus vise la création de petits noyaux d’évangélisation. Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Pour former des petites cellules d’Eglise domestiques et accueillir l’Evangile A partir de là, la Bonne Nouvelle pourra diffuser de proche en proche. Ainsi s’est constituée l’Eglise, qui à propagé le message de Jésus jusqu’aux confins de la Terre. Quel contraste avec les grands rassemblements dans des cathédrales ou des méga-churches ! Cette simplicité des premiers temps ne devrait-elle pas inspirer pour une évangélisation renouvelée d’un monde déchristianisé ?
Jésus ne tait pas les difficultés que peut comporter la mission. Si on refuse de vous écouter, partez. Les échecs ne datent pas d’aujourd’hui. Si c’est la vérité de l’Evangile qui est proposée, il faut s’attendre au rejet, à l’indifférence, à la résistance, à l’incrédulité. Rencontrer trop de succès pourrait d’ailleurs être la marque qu’on se serait contenté de ne présenter qu’un message humain. La Parole de Dieu est parfois dure, elle ne doit pas être édulcorée.
Envoyés devant Jésus, les disciples reçoivent le pouvoir de faire des miracles pour préparer les gens à mettre leur foi en celui qui les envoie. Ils proclament la nécessité de se convertir. La conversion est au cœur même du message de Jésus. Elle seule rend capables de chasser le mal et de guérir les malades. C’est par elle que nous pourrons combattre les démons qui hantent notre monde, la haine, la violence, la soif de puissance, l’argent, la peur, la honte, la misère.
Jésus confie aux Douze sa propre mission de porter au monde le salut et de le délivrer des forces du mal. Nous recevons aujourd’hui cette mission. D’abord proclamer la nécessité d’une conversion radicale de vie. Ensuite lutter contre le mal ambiant. Enfin guérir notre humanité des maux qui l’accablent. Être attentifs à ceux qui souffrent pour leur apporter soulagement et consolation. Sommes-nous disposés à relever les défis de l’évangélisation ?