Méditation de ce 12 octobre

Voici la méditation qu’Alexis nous partage comme régulièrement le mardi. merci à lui.

De tous les écrits de Paul, la lettre aux Romains est sans conteste la plus importante et la plus structurée.[1] Elle est l’une de ses œuvres les plus riches au plan doctrinal et a toujours occupé une place de choix dans l’histoire de l’exégèse.[2] En la rédigeant,[3] l’apôtre voulait donner à la fois un enseignement sur la vérité évangélique et répondre aux besoins particuliers d’une Eglise.

Paul décrit la détresse de l’humanité et la victoire de l’Evangile sur cette détresse, en débutant par la détresse des païens sous la condamnation divine. Quand il parle d’Evangile, il signifie la Bonne Nouvelle que Dieu annonce au monde en envoyant Jésus Christ pour restaurer son Royaume. L’aspect nouveau de cet Evangile réside dans l’accomplissement en Jésus Christ des promesses de pardon et d’amour de Dieu pour tous les hommes, telles que les prophètes de l’Ancien Testament l’avaient annoncé.

L’appel à la foi est universel, il concerne tant le peuple élu que le reste de l’humanité.[4]  Par conséquent, par la prédication, tout homme peut être amené à croire. L’Evangile est révélation de la justice de Dieu,[5] puissance de Dieu pour sauver les croyants. Cette justice désigne surtout la sagesse et l’amour de Dieu, qui conditionnent l’accomplissement du salut dans la fidélité à la volonté de Dieu et la vie en plénitude.

Les païens, soutient Paul, ont connu Dieu en ce qu’il s’est manifesté aux hommes par les œuvres de sa création. La contemplation des merveilles du monde aurait dû les amener à en reconnaître le Créateur. Or ils ont dépensé des trésors de science à se pencher sur la création et ses mystères célestes pour les déifier, mais le Dieu créateur, ils ne l’ont pas reconnu. Leurs erreurs et leurs excès grossiers les rendent coupables face au Dieu de l’Evangile.

La manière par laquelle Dieu se révèle naturellement à l’humanité a toujours fait l’objet d’interprétations et de commentaires souvent divers.[6] Quoi qu’il en soit, la connaissance de Dieu ne s’est pas suivie, chez les païens, de l’attitude qui aurait dû en être la conséquence (l’adoration, l’action de grâce), mais au contraire du péché d’idolâtrie,[7] en sorte qu’ils sont inexcusables et objets de la colère de Dieu. Cette colère se manifestera par la condamnation des pécheurs lors du retour en gloire du Christ.[8]

Si la colère de Dieu s’étend sur ceux qui n’ont pas pratiqué sa justice – qui ne se sont pas ajustés à lui – et qui ne pouvaient le connaître que par les œuvres de sa création, que penser alors du sort de ceux qui ont reçu la révélation de l’Evangile de Jésus Christ et se complaisent dans l’impiété ? C’est tout le problème de notre société en quête de nouvelles expériences. Elle rejette pour une large part l’héritage chrétien, mais comble son désert spirituel en se leurrant d’idoles faites à sa propre image et selon son désir : l’argent, la puissance, l’éternelle jeunesse, les paradis artificiels, le corps, les dieux du stade, etc.

Tel est l’enjeu de la nouvelle évangélisation. Apporter au monde autant désenchanté que  déchristianisé l’espérance du Christ mort et ressuscité. Lui rendre compte de l’amour d’un Dieu qui se donne et fait de nous ses enfants. Reconnaître le Christ, c’est faire dans le quotidien de nos existences l’expérience de cet amour libérateur. Être rendus libres de tous les asservissements qui aliènent notre humanité.


[1] Calvin, orfèvre en la matière, assurait que cette épître tout entière est disposée méthodiquement.

[2] La lettre aux Romains a été commentée autant dans l’Eglise primitive (Origène, Jean-Chrysostome, Théodoret, Pélage, Augustin) que par les théologiens du Moyen-Age (Abélard, Thomas d’Aquin), de la Réforme (Luther, Calvin) ou contemporains (Karl Barth).

[3] Paul la dicte en 57 ou 58 alors qu’il est à Corinthe sur le départ vers Jérusalem avec le produit de la collecte qu’il a organisée en Macédoine et en Achaïe au profit de l’Eglise de Jérusalem.

[4] Sous le terme générique de Grecs, qui symbolisent les nations païennes.

[5] Le thème de la justification par la foi, qui sera central notamment dans l’exégèse de Luther, apparaît ici pour la première fois dans l’épître.

[6] Pour les catholiques, Dieu peut être connu par la seule raison humaine (ce qu’établit le Concile Vatican I). Pour la Réforme protestante, la connaissance authentique de Dieu ne peut se faire que par la révélation du Christ. Pour les orthodoxes, Dieu se manifeste aussi aux humains par la beauté de sa création et par sa Providence.

[7] Comme les Hébreux au désert du Sinaï, qui ont adoré le veau d’or (Ex 32,1-35), les païens ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge.

[8] A l’inverse des croyants qui attendent des cieux son Fils qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous arrache de la colère qui vient (1 Th 1,10)-

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