méditation dominicale

Encore merci à Alexis de nous nourrir de ces médiations régulières

En célébrant la mission universelle de l’Eglise, nos communautés sont invitées à s’interroger sur leur disponibilité, mais surtout sur le sens du service qui doit les animer. Servir signifie ne pas travailler pour son propre compte, mais se rendre attentifs aux besoins des autres. Et s’engager dans un chemin parfois ingrat et générateur de souffrance, sans y trouver d’autre joie que de se mettre à la suite de Jésus. La hauteur du service, c’est le Christ lui-même, qui s’est fait le serviteur de tous et a accepté de vivre son amour pour l’humanité jusqu’à la déréliction de la Croix.

Jésus a pris la route de Jérusalem avec ses disciples et il marchait devant eux.[1] Son attitude certaine, dans l’assurance de sa mission, contraste avec le comportement craintif et revendicatif de ceux qui le suivent. Son dialogue surréaliste avec Jacques et Jean se situe dans le contexte dramatique de la troisième annonce de sa mort et de sa résurrection. Que comprennent-ils de sa démarche ?[2]

La demande des fils de Zébédée relève du déni de ce que l’on ne peut concevoir, semble faire l’impasse des événements douloureux qui se préparent, et qui sont cependant prévisibles dans le climat de plus en plus tendu des relations avec les autorités juives. Ils se comportent comme s’ils voulaient accéder à la gloire du Royaume directement, sans passer par la Passion.

Au fond, ils se projettent dans un monde où la souffrance serait déjà vaincue. Mais on ne se débarrasse pas de la souffrance, elle est notre relation au monde, la seule chose à faire, c’est de la transformer en amour.[3] Ce que fait le Christ, qui donne sa vie par amour et inaugure un monde nouveau. Les disciples oublient qu’on ne peut se relever que si l’on est tombé, qu’on ne peut vivre la résurrection que si l’on a vaincu la mort.

C’est pourquoi Jésus les entretient de la coupe et du baptême de la souffrance qu’ils vont partager avec lui. Il les prépare ainsi à devenir totalement oublieux d’eux-mêmes pour être radicalement transformés par l’amour de Dieu. A ce prix seulement, ils seront étroitement associés à l’autorité du règne de Dieu.

Comme Jacques et Jean, souvent, notre souci est de nous assurer une place auprès de Jésus dans sa gloire, sans trop savoir ce que nous demandons et ce que cela implique. Et la seule réponse du Christ est d’appeler à servir nos frères dans la gratuité du don de soi. Tout ce que nous pouvons donner de nous-mêmes est mis au crédit des autres.

Rendre service, voilà bien une expression courante et banale désignant les relations quotidiennes au sein de nos communautés. Que deviendrait un groupe humain dans lequel tout serait comptabilisé et calculé, où toute gratuité serait incongrue, où la solidarité élémentaire serait bannie et où l’indifférence complète à l’égard du voisin serait la règle ? Ce serait l’enfer sur terre.

Mais il y a service et service. Quand Jésus se présente le serviteur de tous, il ne s’agit pas d’un coup de main occasionnel, il n’est pas dans le faire, mais dans l’être. Il est le serviteur par excellence, l’être en service. Son amour et sa générosité le poussent à se mettre à la place d’autrui. Il n’y a chez lui aucune once de volonté de domination ou de recherche de profit. Servir, et non être servi.

Au service de Dieu. Porte-parole du Père, réalisateur de ses projets, médiateur entre lui et l’humanité, Jésus est par essence un homme de relation. Il se met au service des hommes, et singulièrement des plus humbles, des plus méprisés. Un service qu’il exercera jusqu’au bout, au péril de sa vie. Et il conviera ses disciples à entrer dans cette dynamique de service, condition d’accès au Royaume.

Nous nous posons légitimement des questions sur la souffrance et sa pertinence. Tous, nous aspirons au bonheur d’une existence sans problème, en même temps que nous pressentons que les difficultés sont un facteur de croissance. Aujourd’hui, Jésus nous répond en nous envoyant en mission au service de nos sœurs et frères. Il nous appelle à devenir le noyau et le ferment d’une humanité nouvelle.


[1] Troisième annonce de la Passion et de la Résurrection (Mc 10,32).

[2] Peut-être cherchent-ils à se rassurer, ou à se positionner dans une gloire plus politique que religieuse ?

[3] Gaspar-Marie Janvier, A cœur ouvert, in Magnificat n° 347.

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