méditation du 19 octobre

Paul plonge ses lecteurs au cœur même du thème central de la lettre aux Romains, la justification par la foi. La justice de Dieu désigne pour lui surtout la sagesse et l’amour de Dieu, qui président au salut. L’homme justifié est ainsi réconcilié avec Dieu et sauvé.[1]

Dans sa comparaison entre Adam et Jésus Christ, l’apôtre oppose deux dynamiques, celle du péché et celle de la grâce. Il veut moins établir un parallèle de stricte similitude entre Adam et le Christ que souligner ce qui oppose l’un et l’autre et montrer la supériorité du second sur le premier. Le centre de la pensée de Paul est le Christ et son œuvre, et c’est à partir de ce point central qu’Adam est présenté comme celui par qui s’est instauré le règne de la mort auquel le Christ a arraché l’humanité.

Le péché sépare radicalement l’homme de Dieu. Autrement dit, celui qui pèche est en rupture complète avec le Dieu d’amour. Une séparation qui apporte la mort, mort spirituelle dont la mort physique est le signe le plus tangible.[2] Le péché entraîne sur un chemin de mort, et empêche l’accès à la vie éternelle.

D’ailleurs tous ont péché, insiste Paul. Propos ambigu qui a donné cours à de multiples interprétations. Il introduit à tout l’enjeu que représente le péché originel.[3] Toute l’humanité serait-elle incluse dans le péché d’Adam qui aurait transmis un héritage de mort ?[4] Ou les péchés personnels de tous les hommes contribuent-ils à cette puissance du péché introduite par Adam ?[5] Ou encore, la nature humaine dans son ensemble serait-elle pécheresse ?[6] Quoi qu’il en soit, il existe une relation de solidarité entre la transgression d’Adam et les péchés personnels de l’humanité. De plus, Adam ne doit pas être considéré comme un individu historique, mais aussi et surtout comme un personnage incluant toute l’humanité, un archétype.

Avec Jésus Christ est venu le règne de la grâce. Il a apporté la vie à l’humanité pécheresse, et par le don de la grâce et de la justice, il l’a délivrée de ses chemins de mort. A l’inverse du péché, qui conduit l’être humain à la mort, le plan de salut de Dieu pour l’humanité lui apporte la grâce de la vie en plénitude. Une grâce donnée en surabondance, pour surclasser la multiplication du péché.

L’opposition entre l’économie du péché et celle de la grâce met en évidence la tension essentielle qui traverse notre humanité entre les pulsions de mort et celle de vie. Le Christ vient résoudre cette tension en établissant son Royaume de justice. Il appelle à nous dépouiller de l’homme ancien[7] pour revêtir l’homme nouveau et accéder à la vie en plénitude. Sommes-nous prêts à cette mutation en le suivant sur les chemins de la vie éternelle ?   


[1] Ainsi donc, justifiés par la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ (Rm 5,1).

[2] Mais par la jalousie du diable, la mort est entrée dans le monde ; ils la subissent, ceux qui se rangent de son parti (Sg 2,24).

[3] Le péché des origines ou l’origine du péché ?

[4] Ce qui pensent certains Pères de l’Eglise latine, ou encore Luther.

[5] C’est l’opinion de beaucoup de Pères grecs, de théologiens catholiques et protestants, dont Calvin.

[6] Certains théologiens protestant contemporains le soutiennent.

[7] Il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet de convoitises honteuses, il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité (Ep 4,23-24).

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