
Le Christ se manifeste aujourd’hui au monde. Le Fils de Dieu s’incarne et apparaît sous la forme d’un enfant. L’Épiphanie appartient ainsi aux fêtes de la Nativité de Jésus. La tradition chrétienne célèbre de fait trois événements qui sont autant de manifestations, d’épiphanies du Christ : l’adoration des mages à Bethléem, le baptême au Jourdain et les noces de Cana.
L’Épiphanie fête la lumière du Christ qui illumine le monde. Et singulièrement, chez l’évangéliste Matthieu, le monde païen. L’étoile se lève à l’Orient. À l’est de Jérusalem, donc en Asie. Et ce sont des mages d’Orient qui suivent cette lumière. Des sages, des savants d’une autre culture, d’une autre religion, qui ne connaissent ni la Loi ni les Prophètes, qui se nourrissent d’autres textes sacrés.
Des païens reçoivent donc l’illumination et entament la recherche du Christ. D’autres religions que la nôtre pourraient ainsi mener à Jésus, mais la démarche est plus ardue, plus difficile. Il n’est pas suffisant, pour accéder au Christ, de le chercher, même laborieusement, en suivant son étoile, il faut, en plus, s’imprégner de la Parole de Dieu. Ce que font d’ailleurs les mages, puisqu’ils se renseignent, à Jérusalem, de ce que disent les Écritures du lieu où doit naître le Messie.
Les scribes, spécialistes en la matière, connaissent la prophétie de Michée[1] sur le rôle de Bethléem dans la promesse messianique. Ils savent tout au sujet du Christ mais ne font pas un pas en sa direction. La seule connaissance théorique de la Parole de Dieu ne suffit pas pour trouver Jésus, il faut le courage et la volonté de le chercher. Et quand ceux qui savent se refusent d’agir, ce sont d’autres qui interviennent.
Tous sont contrariés par la question des mages. Le roi craint pour son pouvoir et le peuple est bouleversé à l’annonce d’une naissance qu’il appelait pourtant de tous ses vœux. Jésus, à peine né, suscite déjà la contradiction. Sa personnalité dérange et est perçue comme une menace. Il vient déranger les habitudes et perturber le fragile équilibre des existences enténébrées. On préfère souvent ses ombres à la lumière.
Les mages pénètrent ainsi dans la maison de Bethléem où résident l’enfant et sa mère. Ils se prosternent et offrent leurs présents au roi qu’ils reconnaissent dans la fragilité d’un nouveau-né. De l’or pour le roi, de l’encens pour le prêtre et de la myrrhe pour le prophète. Prêtre, prophète et roi, Jésus réunit en lui toutes les attentes d’Israël. Héritier de David, dont la royauté s’étendra bien au-delà de son peuple.
Les mages peuvent le quitter, ils lui ont témoigné l’hommage de tout l’univers. Ils ne se sont pas laissés tromper par les paroles du roi Hérode, dictées par la peur et la jalousie. Ils empruntent pour le retour un autre chemin que celui, planté de violence et d’injustice, qu’il leur suggère.
Aujourd’hui, l’Épiphanie déploie la joie de Noël dans sa dimension universelle et fait retentir la louange des nations en adoration au Roi du monde. Le Christ se manifeste à nous et nous invite à suivre l’étoile qui nous mènera vers une rencontre décisive avec lui.
Nos existences sont habillées d’ombres et de clarté. N’arrêtons pas notre marche dans nos moments de ténèbres, laissons-nous guider par la lumière du Christ en nos vies. Reprenons des forces dans la Parole que Dieu nous donne. Apprenons à reconnaître celui que notre cœur cherche. Nous sommes, par la grâce de notre baptême, d’autres christs, prêtres, prophètes et rois, témoins de la tendresse de Dieu pour toutes les nations.
[1] Et toi, Bethléem Ephrata, trop petite pour compter parmi les clans de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent à l’antiquité, aux jours d’autrefois (Mi 5,1).