méditation pour ce 5eme dimanche ordinaire

Merci à Alexis pour cette méditation dominicale

Trois hommes, trois appels, trois réponses. L’un se déclare impur, l’autre un avorton, le dernier a peur de son péché. Trois vocations : l’un est pardonné et sera prophète, l’autre sera comblé de grâce et verra son Seigneur, le troisième surmontera sa crainte et deviendra pêcheur d’hommes. Trois hommes, trois conversions, trois témoins qui nous invitent à les suivre. Au service de la Parole, au service de Dieu.

L’évangélisation est toujours à recommencer. Un sentiment d’inutilité et de découragement parcourt nos assemblées clairsemées et vieillissantes. A quoi bon peiner toute la nuit sans rien prendre ? On est dérouté par l’absence d’évidence quant aux moyens à employer, l’absence de recettes, l’incertitude sur les comment. Et le plus souvent, on ne peut constater que l’échec de nos maigres initiatives.

Un sentiment d’échec qui est largement évoqué par la Parole de Dieu. Le prophète Isaïe craignait le pire pour Jérusalem lorsqu’il reçut l’appel de Dieu. La communauté de Corinthe vivait une crise grave quand l’apôtre Paul a dû intervenir pour rappeler l’essentiel de la foi. Simon et ses compagnons, qui étaient au fait de leur métier de pêcheurs, s’étaient épuisés à travailler sans aucun effet, quand Jésus leur ordonne d’avancer au large et jeter les filets pour prendre du poisson.

Dans ces circonstances, la solution ne surgit pas de la routine, de manière spontanée. Elle vient d’une nouveauté, où les intéressés reconnaissent l’appel de Dieu : la manifestation des séraphins pour Isaïe, l’apparition du Ressuscité pour Paul, la pêche miraculeuse pour Simon et les disciples. Effrayés d’abord par leurs pauvres capacités et l’ampleur ou l’énormité de ce qu’ils pressentent, ils sont ensuite rassurés par une Parole de confiance. Pour oser la foi et prendre le risque d’accepter la mission en dépassant leurs craintes, leurs objections et leurs réticences.

L’accent est mis à la fois sur l’exigence de l’appel et sur la totale confiance du Seigneur malgré les insuffisances des hommes. Après tout, Jésus aurait pu choisir des gens plus qualifiés que ces pêcheurs de Galilée pour porter son message. Il ne manquait pas de spécialistes de la Parole de Dieu qui auraient été plus performants. Pourtant ce sont eux qu’il interpelle, comme il nous appelle encore aujourd’hui, malgré et peut-être à cause de nos manques, à témoigner en outrepassant nos effrois.

Ce que nous percevons comme déploiement de force et de transcendance nous effraye. Quand Dieu manifeste sa toute-puissance[1], nous restons, comme Simon-Pierre, confondus et désorientés. Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pêcheur. Aussi toute expérience religieuse pénétrante suscite une frayeur et un trouble qui trahissent la profondeur du ressenti. La confrontation à Dieu, l’irruption de sa gloire mettent à nu nos faiblesses, nos limites, nos manquements ou nos lâchetés. Nous prenons mesure de l’abîme qui nous sépare de sa sainteté. Malheur à moi ! Je suis perdu car je suis un homme aux lèvres impures, s’écrie Isaïe. Irrépressible vertige qui met devant nos yeux l’image de notre finitude et nous plonge dans l’angoisse de la mort, car on ne peut voir Dieu et vivre.[2]

Pourtant, avec le Christ, Dieu est là, près de nous, qui vient combler tous les précipices, abolir toutes les distances. Il est venu pour restituer à chaque homme sa dignité d’enfant de Dieu. Le Fils nous rejoint dans nos pauvretés, nos insuffisances ou nos contingences pour nous associer à sa gloire et sa mission. En nous accordant la grâce de sa confiance, il nous réconcilie avec notre propre grandeur, notre poids. En effet, comme le souligne Paul, la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile. Désormais, fécondés par sa Parole, nous serons appelés, malgré nos lourdeurs, à être, avec Pierre, des pêcheurs d’hommes. Et ainsi de passer de l’effroi à la foi !  


[1] Une toute-puissance qui est pourtant une puissance d’amour maternel. Le mot puissant, shaddaï en hébreu, provient d’une racine verbale qui signifie enfanter, téter, donner le sein, ou encore d’un nom voulant dire matrice, utérus. La puissance de Dieu est ainsi une puissance matricielle.

[2] Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne saurait me voir et vivre, dit le Seigneur à Moïse au renouvellement de l’Alliance à l’Horeb (Ex 33,20).

Une réflexion sur “méditation pour ce 5eme dimanche ordinaire

  1. Françoise Sadzot

    Quelle belle méditation, merci Alexis ! C’est vrai que Jésus aurait pu ne pas choisir ces 12 « pauvres types « peu qualifiés, pour porter sa Parole. Il nous faut , comme eux, passer de l’effroi (je ne suis pas capable – ça ne sert à rien – j’ai déjà essayé. ), à la Foi (avec Dieu tout est possible). et puis il y a Marie qui nous dit  » Faites tout ce qu’il vous dira » . Belle semaine.

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