méditation du 1er mars

Voici la méditation d’Alexis pour aujourd’hui.

L’appel du riche à avoir la vie éternelle en héritage,[1] et surtout la leçon de Jésus sur la difficulté pour ceux qui ont des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu plongent les disciples dans la stupéfaction. Ils sont déconcertés par sa prise de position sur le salut,[2] que Jésus tempère quelque peu en précisant que ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu, sans pour autant lever leur indétermination.

L’évangile marque une montée en puissance tant dans les événements que par les déclarations. Jésus vient de mettre en évidence des enfants[3] pour indiquer que c’est à eux, ceux qui ont l’esprit d’enfance, que le Royaume est destiné. Ensuite, il indiquera son départ décisif vers Jérusalem et fera aux disciples une troisième annonce de sa Passion et de sa Résurrection.[4] L’heure est désormais grave.

Dans ce contexte d’urgence du Règne de Dieu, Pierre se fait l’interprète des disciples pour exprimer leur perplexité. Eux ont tout quitté pour suivre Jésus. Pour devenir son disciple, ils ont ainsi abandonné leur famille, leurs biens, leur lieu de résidence, leur profession. Autrement dit, ils ont considéré ces derniers comme secondaires par rapport à ce qui est premier, la recherche du Royaume. Leur choix a été radical et ils voudraient être rassurés dans la pertinence des options qu’ils ont prises.

Dans sa réponse solennelle,[5] Jésus promet en compensation le Royaume en ce temps déjà. Autrement dit, le Règne de Dieu n’est pas différé, il se construit dès maintenant dans l’existence de l’humanité. Le Royaume ne doit pas être trop facilement projeté dans l’au-delà de la mort. Il commence présentement dans la vie des hommes. Il est dans la perspective du déjà-là et du pas-encore.

De plus, il s’accomplit dans la surabondance des dons. Ce que les disciples ont laissé, ils le reçoivent aujourd’hui au centuple. Les familles et les biens reçus sont les autres disciples qui constituent l’Eglise. Ou encore, les liens spirituels qui se nouent avec Jésus sont plus puissants que ceux des familles naturelles, parce qu’ils ont plus de cohésion, sont tendus vers le même but, la réalisation du Royaume.

Jésus ne fait pas l’impasse des persécutions qui sont promises aux disciples. L’évangile se fait ici l’écho du contexte difficile dans lequel évolue la communauté de Marc, empreint de brimades et parsemé de martyres. Suivre Jésus, hier comme aujourd’hui, c’est toujours s’exposer à être persécuté, comme le fut le Maître lui-même. Il est bon de le rappeler.

Aux disciples est promise la vie éternelle dans le monde à venir. Ici encore, il faut se garder de limiter la perspective uniquement à la vie après la mort. L’éternité est à la fois un temps et un espace qui sont cachés,[6] le temps et l’espace de Dieu. L’éternité est donc le moment favorable de la rencontre de Dieu. Tout le monde peut ainsi expérimenter cette confrontation ou cette irruption de Dieu dans son existence dans l’aujourd’hui de ses jours. Et éprouver une vie dans la plénitude de Dieu.

Jésus conclut son explication par la question des premiers et des derniers pour indiquer la nécessité d’une conversion radicale. Dans le Royaume, ce qui est premier est le service des autres, des plus petits. Toutes les valeurs sont renversées par rapport à ce monde ci, ce qui risque d’en surprendre plus d’un.

Aujourd’hui, l’évangile nous appelle à une conversion de valeurs, car devenir disciple de Jésus suppose un abandon, une ouverture d’esprit à l’immixtion du temps de Dieu dans notre temps linéaire. A ce prix, nous deviendrons les artisans de l’édification du Royaume de Dieu, qui ne peut se faire sans nous. Nous recevrons alors la vie éternelle en héritage. Telles sont nos vraies richesses.


[1] L’appel du riche (Mc 10,17-27, parallèles Mt 19,16-30 et Lc 18,18-30).

[2] Jésus met en garde contre l’obstacle des richesses pour qui veut entrer dans la vie, sans toutefois faire du dépouillement une règle de vie. Il a ainsi appelé des riches sans exiger qu’ils abandonnent leur position.

[3] Les enfants sont tenus pour rien dans une société très rude. Jésus veut marquer que le Royaume est destiné à ceux qui leur ressemblent, par leur dépendance, leur abandon, leur petitesse (Mc 10,13-16).

[4] Troisième Annonce de la Passion et de la Résurrection (Mc 10,32-34, parallèles Mt 20,20-28 et Lc 22,25-27).

[5] Les termes « Amen, je vous le dis » introduisent toujours chez Jésus des déclarations solennelles.

[6] En hébreu, le mot éternité, oulam, provient d’une racine verbale olam qui signifie cacher.

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