Entrons dans la Semaine Sainte

Alexis nous partage sa méditation pour le dimanche des rameaux

Aujourd’hui, la liturgie nous mène à vivre l’expérience du vertigineux contraste entre l’espérance et la joie de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, humble roi monté sur un âne, et la déréliction totale du Christ qui endure sa Passion dans un déferlement de haine. Quelques jours séparent les deux scènes, que s’est-il passé ? Le vieil adage latin « Il n’y a pas loin du Capitole à la roche tarpéienne »[1] vient sans doute à l’esprit. Mais surtout arrive une question lancinante : Etaient-ce les mêmes ? La foule déchaînée et vitupérant devant Pilate était-elle celle qui acclamait Jésus lorsqu’ils approchèrent de la descente du mont des Oliviers ?

Non, aurait-on tendance à répondre spontanément. Ceux qui ont rendu hommage à Jésus lors de son entrée à Jérusalem étaient ses disciples, ceux qui l’accompagnaient depuis longtemps sur les chemins de Galilée et ceux qui étaient ses partisans dans la Ville sainte. Tandis que la foule devant le prétoire avait été instiguée, chauffée à blanc, par les ennemis de Jésus, pharisiens, scribes et sadducéens. Mais peut-on être rassurés pour autant ?

Parce que, quand même, qu’est-ce qui les sépare, tous ces gens exaltés ? Les foules ne sont-elles pas, par nature, manipulables, versatiles ? Le zélateur n’est-il pas souvent fort proche, dans ses excès, du détracteur ? De quels revirements, de quels reniements les hommes ne sont-ils pas capables ? Et Jésus n’est-il pas venu pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et pour être un signe contesté, comme le prophétisait déjà le vieillard Siméon[2] ?

Aujourd’hui comme hier, la figure du Christ divise, sa manière d’être ne laisse pas indifférent. Il sollicite de se positionner librement de manière claire. De l’accepter ou de le rejeter. Mais la ligne de démarcation entre l’accueil et le refus ne traverse-t-elle pas chacun de nous comme une fracture ? Comme un doute insidieux qui percolerait tout notre être. Nous sommes tous habités à la fois de pulsions de mort qui nous font rejeter Jésus et son espérance, et de pulsions de vie qui nous poussent à nous diriger vers lui. Un combat incessant de nos obscurités et de nos lumières.

Nos amitiés sont-elles solides, ou concédées du bout des lèvres ? Comprenons-nous qui est vraiment Jésus et ne nous faisons-nous pas une fausse image de lui ? Comme Judas qui l’a trahi peut être surtout parce qu’il attendait un libérateur politique du peuple d’Israël. Ou encore ne manquons-nous pas parfois de courage pour aller avec lui jusqu’au bout de nos engagements ? Comme Simon-Pierre qui l’a renié parce que sa détermination a faibli dans l’adversité.

Nous sommes des êtres faibles, notre foi est vacillante et notre détermination fugace. C’est pourtant pour nous que le Christ est mort. Pour nous qu’il est allé jusqu’au bout de l’amour, qu’il a souffert sa Passion. Pour nous qu’il a dit : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.

Nous sommes aujourd’hui devant la Croix du Christ. Que cette semaine sainte nous fasse cheminer vers la joie et la lumière de Pâques. Alors, avec lui, nous nous relèverons.   


[1] Arx tarpeia Capitoli proxima. Ce que susurrait traditionnellement à l’oreille de l’imperator pendant son triomphe à Rome un esclave juché à l’arrière de son char. La roche tarpéienne était le lieu des exécutions capitales, particulièrement pour trahison. Elle se trouve à une extrémité du mont Capitole, symbole du pouvoir.

[2] Présentation de Jésus au Temple (Lc 2,34).

Pour rappel aujourd’hui à 14h30 sacrement des malades en l’église de Jevigné

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