méditation du 17eme dimanche ordinaire

Voici la méditation d’Alexis pour ce dimanche

Comment prier, parler à Dieu, communiquer avec lui ? Non pas soliloquer ou uniquement solliciter. Mais l’avoir pour interlocuteur que l’on avise et qui nous avise. Dialoguer avec un ami que l’on écoute et qui nous écoute. Avec le risque de se faire bousculer, mais aussi avec l’audace de provoquer. Pour s’ajuster à lui dans un rapport équilibré. Voilà l’enjeu de la Parole de Dieu d’aujourd’hui.

Notre relation à Dieu se limite trop souvent à des prières figées, des demandes angoissées, des formules répétitives débitées rapidement sans trop comprendre. Un mode de spiritualité, expression honorable et courante d’un ultime recours à Dieu d’une humanité blessée, qui interpelle notre lien à Dieu.

La prière, qu’elle soit de louange ou de demande, n’est pas chose fort aisée. Deux raisons peuvent faire obstacle à notre piété. D’abord parce que, comme le souligne Jésus,[1] vous ne savez pas ce que vous demandez et ainsi nos désirs ne correspondent pas toujours à nos besoins et nous n’avons pas de recul suffisant face à nos aspirations. Ensuite parce que nos mots sont souvent dérisoires pour nous adresser au Tout-Autre, nous ne sommes pas coutumiers des démarches d’intériorité, d’introspection et que nous manquons d’initiative pour nous adresser à Dieu dans un colloque singulier.

Dieu s’adresse à l’homme. La Bible abonde cependant d’exemples de pareilles entrevues. Lorsqu’il fait alliance avec lui, Dieu fait de l’homme un partenaire. L’associant à son œuvre de création, il lui donne la parole pour dialoguer avec lui. Jamais il ne reste sourd aux appels d’une humanité qu’il a voulue libre. Ainsi par exemple s’adresse-t-il à Moïse : J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants.[2] Il le libère de ses enfermements.

Si Dieu parle à l’homme, celui-ci peut lui répondre. De lui, il peut tout entendre, la joie, la louange, mais aussi les pleurs, les plaintes, les cris, les déprécations. Ainsi la déréliction de Job : Aujourd’hui encore, ma plainte se révolte, quand de la main je retiens mon gémissement. Ah ! Qui me donnera de savoir où le trouver, de parvenir jusqu’à sa demeure ! J’organiserai devant lui un procès, et ma bouche sera remplie d’arguments.[3] Ou encore l’appel de vengeance des exilés : Fille de Babylone, promise au ravage, heureux qui te traitera comme tu nous as traités ! Heureux qui saisira tes nourrissons pour les broyer contre le roc ![4] Dieu peut entendre les cris de désespoir et de haine.

L’homme peut tout dire à Dieu, et il l’entend : Le jour où j’ai appelé et où tu m’as répondu, tu as stimulé mes forces.[5] C’est dans ce dialogue en vérité que s’inscrit le plaidoyer d’Abraham pour les habitants de Sodome. Il interpelle le Dieu transcendant dans une démarche empreinte de confiance et de distance respectueuse : J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Et en même temps, il met en cause pas moins que sa justice : Ce serait abominable que tu agisses ainsi ! Faire mourir le juste avec le coupable ? Il en serait du juste comme du coupable ? Quelle abomination ! Le juge de la terre n’appliquerait-il pas le droit ? Et après une âpre négociation, il infléchit la décision de Dieu.

Jésus ne plaide-t-il pas aussi pour un parler vrai lorsqu’il met en scène devant ses disciples  des situations concrètes : Demandez, il vous sera donné ! Une formule qui indique de manière discrète l’action de Dieu sans la nommer. Il donne raison à celui qui insiste avec un sans-gêne évident. L’opiniâtreté, l’assiduité, la constance, la patience sont gage d’efficacité de la prière. Il s’agit d’apprendre à insister, à marteler avec ténacité.

Et se tourner vers Dieu avec confiance en l’appelant Père. Face à lui, nous sommes dans une relation d’intimité profonde d’un père à ses enfants. Dans l’abandon total à l’amour sans limite qu’il prodigue. Oui Seigneur, apprends-nous à prier comme ton Fils nous l’a enseigné : Père, fais connaître à tous qui tu es, fais venir sur nous ton règne, donne-nous le pain dont nous avons besoin chaque jour, pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tout homme qui nous doit, et ne nous conduis pas dans la tentation.


[1] A la mère de Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui sollicite des places d’honneurs pour ses fils (Mt 20,22).

[2] Moïse appelé par le Seigneur et envoyé en mission (Ex 3,7).

[3] Huitième poème de Job (Jb 23,2-4).

[4] Psaume 137 (latin 136), 8-9.

[5] Psaume 138 (latin 137), 3.

Une réflexion sur “méditation du 17eme dimanche ordinaire

  1. Françoise Sadzot

    Merci Alexis. Oui nos prières sont trop peu de merci , mais souvent des demandes (parfois angoissées), et aussi des formules répétitives débitées rapidement sans trop comprendre… même durant la messe, où ( je pense ) il y a trop peu de moments de silence. Puissent nos prêtres et nos diacres nous aider à mieux prier ! Dans notre monde, un peu déboussolé, il y a urgence. Françoise Sadzot.

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